La Tech par darklinux

La Silicon Valley est un des endroits les plus fascinants. Les ouvrages sérieux qui l'abordent réellement et sans fantasme sont rares. Je recommande donc "La Vallée de Silicium". Le cœur élémentaire de la Silicon Valley est la startup, qui, si elle rencontre sa clientèle, peut devenir une PME raisonnable.

En France, le terme startup est devenu une insulte. En effet, on pense souvent à la levée de fonds avant de livrer un vrai produit à de vrais clients. La Silicon Valley empêche cela, ou plutôt, essaie de limiter les abus et, en cas de mensonge avéré, les sanctions sont sévères. Cependant, la tech est beaucoup moins critiquée que dans n'importe quel documentaire d'ARTE sur le sujet, bien que l'ouvrage soit rédigé par un sociologue, ce qui peut le rendre suspect à quiconque connaît bien son sujet.

La Silicon Valley, au-delà des clichés véhiculés par la fiction.

J'ai entendu parler de la Silicon Valley pour la première fois lors de la parution, à la fin des années 1990, du roman "Microserfs", puis, dans la continuité, de la trilogie épique de Neal Stephenson, "Cryptonomicon", qui se révélait plus cru sur le mode de pensée californien, les VC, le libertarisme, etc.

Tout cela perdure depuis plus de vingt-quatre ans et s'est même accentué à différents niveaux. Si vous allez dans la Silicon Valley, ce n'est pas pour flâner, mais pour travailler; il ne faut pas compter les heures.

Entre la visite zoologique et la visio parisienne centrée.

Autant je n'ai pas d'éloges à faire sur la première partie de l'ouvrage, autant les deux autres tiers me consternent. L'auteur a une vision très condescendante de la Silicon Valley. Entre les entrepreneurs, qui ne sont motivés que par l'argent et la reconnaissance de leur travail, et les développeurs, où pour une fois nous dépassons le cliché du "petit génie de l'informatique" pour le remplacer par celui du mercenaire. Si ce dernier trouve une place dans une des entreprises des big tech (GAFAM étant une appellation franco-française), il aura, sauf exception, envie d'aller voir ailleurs s'il en a envie et le talent. Oui, cela surprend l'auteur et bouscule nos habitudes.

Cependant, étant un ouvrage sociologique, il ne peut taper à bras raccourcis sur les développeurs, traités avec condescendance (quoi d'autre ?) d'ouvriers spécialisés. Il préfère donc s'en prendre au techie, salarié des big tech, indifférent à ses contemporains, centré sur lui-même et, crime suprême : il est la cause de la hausse des loyers dans la Silicon Valley et en fait un ennemi des minorités… À San Francisco, les minorités se plaignent d'être hors jeu des technologies, donc le techie devient le nouveau diable.

L'ouvrage est à lire, la moitié du premier tiers est intéressante, mais évitez-vous le reste.