Miroir du monde
J'ai l'impression d'avoir déjà commenté ce Shakespeare là - peut-être un doublon. Fantasmagorie baroque sur le thème de la création théâtrale, des illusions du pouvoir, des terres inconnus et des...
Par
le 31 oct. 2010
9 j'aime
La Tempête de Shakespeare, c'est un peu comme le ressac qui baigne lentement la plage en fond, au pied d'une grotte magique, que j'aimerais bien bordée d'une jungle tropicale humide. Même si le mouvement de l'eau a toujours un peu moins de force à chaque fois, il garde ce je ne sais quoi d'envoûtant et de naturel, de charmant donc, qui fera toujours fonctionner le voyage, jusqu'au retour de la mar(i)ée pour un nouveau départ.
L'argument de la pièce est fameux. Prospero, ancien duc de Milan déposé et formé à tous les arts libéraux, exerce sa magie en nouveau Philoctète sur une île déserte depuis que son propre frère l'a spolié de son trône. Mais grâce au secours d'Ariel et de Caliban, deux êtres magiques tenus en servitude, le vieux duc va pouvoir exercer sz vengeance sur le groupe de nobles Italiens qui a daigné braver les flots.
La Tempête fascine comme une tragicomédie à décor industrieuse. Sa brièveté entretruffée d'ellipses ne lui permet que difficilement d'illustrer la rédemption à laquelle on nous dit que les personnages sont soumis, ce n'est de toute façon ni une moralité ni une pièce à caractère, pas même une pièce à tirade.
Non, ce qui est agréable ici, et chaud, et doux, c'est cette machine à rêver discordante que demeure cette pièce étrange dans le canon élisabéthain, comme peut l'être à sa manière le nouveau monde de Claudel. Un exotisme contrôlé de serre vient bercer les personnages dans ce qui doit s'apparenter à un rêve, mystérieux et improbable, faux, mais enchanteur dans l'étrangeté. Le dîner de la cohorte spectacle d'Ariel, Caliban courbé sur le sable, l'errance labyrinthique du roi, les matelots dormants sous la mer sont autant de pigments d'un petit tableau de Rêve qui nous emporte au bout de la nuit pour continuer à vaquer à nos bourgeoiseries demain un peu rassérénés par l'existence de cette magie.
Je partais sur un 6 au début de ces notes d'impression pour traduire une lassitude et les écrivant je me sens tout autant très triste que je me rends compte que je n'ai certainement jamais tant aimé la comédie depuis une représentation fauchée du Songe d'une nuit d'été, gamin.
Ce sera un 10 parce que la nuit a ses mystères et les poètes aussi.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Livres - 2023
Créée
le 30 déc. 2020
Critique lue 203 fois
2 j'aime
D'autres avis sur La Tempête
J'ai l'impression d'avoir déjà commenté ce Shakespeare là - peut-être un doublon. Fantasmagorie baroque sur le thème de la création théâtrale, des illusions du pouvoir, des terres inconnus et des...
Par
le 31 oct. 2010
9 j'aime
Ô Prospero, génie de la vengeance ! Car lorsqu'un duc déchu de son pouvoir par son propre frère invoque des Esprits pour l'aider à rétablir l'ordre, on peut espérer le meilleur... Fantastique, la...
Par
le 23 déc. 2012
5 j'aime
1
La Tempête de Shakespeare, c'est un peu comme le ressac qui baigne lentement la plage en fond, au pied d'une grotte magique, que j'aimerais bien bordée d'une jungle tropicale humide. Même si le...
Par
le 30 déc. 2020
2 j'aime
Du même critique
La Plus Secrète Mémoire des hommes est un roman à plusieurs voix publié par Mohamed Mbougar Sarr en 2021. Dans une structure empruntée à la poétique de Bolaño, d'ailleurs abondamment cité en exergue,...
Par
le 6 déc. 2021
19 j'aime
Bien décevant projet que cette suite longtemps attendue du Gladiator de Ridley Scott qui, peut-être frustré face au poids des années s'étalant comme un tapis, aura décidé de surcompenser par la...
Par
le 10 nov. 2024
16 j'aime
3
Guerre est un roman de Céline, probablement rédigé dans le courant des années 30, constituant le premier vrai inédit publié avec un travail philologique d'édition sérieux depuis la fin de la...
Par
le 5 mai 2022
15 j'aime
11