Après m'être plongé dans les trois précédents tomes avec un grand plaisir, j'attendais avec une certaine fébrilité le dernier passage de miroir de ce quatuor. J'ai donc chaussé mes lunettes, enroulé mon écharpe, mis les gants m'évitant l’interaction empathique avec livre et je me suis plongé corps et âme dans cette conclusion.
J'y ai trouvé les mêmes ingrédients qui font de cette série, à mon sens, l'une des meilleures que la littérature jeunesse peut offrir. Les personnages sont toujours aussi attachants, l'anti-héroïne nous émeut autant qu'elle surprend et notre M. Thorn ne cesse de nous étonner. Même si le récit se déroule principalement sur l'arche de Babel, on y voyage beaucoup et l'on découvre des endroits nouveaux et insolites.
Malheureusement, je n'ai pas senti le même élan que dans mes précédentes lectures. Il est évident que dans une série comme celle-ci, l'auteur doit ménager le suspense au fil des livres pour ne dévoiler nombre d'information que dans le dernier tome. Seulement j'ai eu l'impression d'un trop-plein, j'aurais voulu me laisser porter davantage par l'histoire que par des expériences qui n'ont de cesse que de tendre vers la mise en cohérence de l'univers. J'avoue m'être perdu dans l'imaginaire fertile de Christelle Dabos, j'avoue aussi ne pas avoir compris toutes les implications de l'envers, des contreparties ou des échos. Je ne suis apparemment pas suffisamment entré en résonance avec le récit pour en cristalliser le contenu.
Malgré tout, je dois dire que la fin est d'une évidente virtuosité qu'il faut savoir rendre à son auteur. Elle rend hommage à tous les personnages qui nous ont accompagnés dans cette aventure et nous laisse libres de mettre à profit notre propre imaginaire. J'ai aimé la poésie de cet instant ou l'on se laisse porter par la volonté d'une Ophélie déterminée et troublante comme on l'aime.
Je ne peux que remercier l'auteur de nous avoir permis d'embarquer avec elle dans cette belle aventure.