Dans ma soif de découverte des écrits de King, mes doigts sont tombés sur La tempête du siècle en librairie, et sans chercher plus loin, sans ouvrir le livre ou en consulter la quatrième de couverture, je l'ai acheté.
Quelle ne fut pas alors ma déception en commençant à en lire la préface il y a deux jours ! Il ne s'agissait pas d'un roman, mais bel et bien un script. Et merde !
Je le confesse, j'ai de grandes difficultés à lire des pièces de théâtre, quelles qu'elles soient. Et franchement, un script n'est rien d'autre qu'une pièce de théâtre avec des indications pour le tournage non ?
Mais comme peut le laisser présager le temps qu'il m'a fallut pour lire la tempête du siècle, je crois avoir bien fais de ne pas avoir cédé à la tentation d'abandonner pour passer à autre chose.
Parce qu'au final, un tel format peut être agréable, ne serait ce que pour les petites remarques personnelles de King sur les évènements.
Et puis comme il le fait remarquer si justement dans sa préface, l'histoire de ce sombre personnages, de cette petite île et de ses habitants voulait se présenter sur pellicule et il n'est jamais bon d'aller à l'encontre de l'imagination d'un auteur de grand talent.
Alors malgré mes réticences, je me suis efforcée de me concentrer et la magie a finalement opéré. Finalement, je ne voyais plus un monde imaginaire mais me trouvais propulser dans le film qui se déroulait devant mes yeux. Et quel film ! Si le produit final est aussi bon, je m'inquiète de ne pas en avoir entendu parler plus tôt...
Car comme King sait si bien le faire, il nous plante le décor tranquillement. Il nous donne un petit aperçu de Little Tall Island et obscurcit l'image idyllique qui s'offre à nous deux deux manières.
D'une part, l'annonce -et l'insistance des préparatifs- de la tempête nous laisse entre apercevoir quelques galères. Mais après tout, ce n'est qu'une tempête gast ! (Et je ne suis peut être pas native d'une île, mais en bonne bretonne, j'ai connus quelques bonnes tempêtes !) de la casse matériel, des imbéciles qui vont peut être s'aventurer là où il ne fait pas et visiblement l'obligation d'aller se mettre tous à l'abris dans l'hôtel de ville, les perspectives ne sont pas réjouissantes mais pas dramatiques !
Mais bien que l'idée de la tempête à venir prenne une place importante dans les esprits, les propos d'ouverture de Mike sonnent dramatiquement comme une mise en garde et l'annonce d'un malheur collectif.
Mais reprenons. King nous a présenté sa charmante petite île et vient le moment d'un premier dérapage dans ce petite paradis : Un être étrange, sociopathe mais bien plus encore, fait son apparition, discret mais efficace. Son seul message ? Donnez moi ce que je veux et je m'en irai.
Durant tout le film -enfin, le livre- cette rengaine nous berce, nous prépare à l'inéluctable fin. Alors que les catastrophes - naturelles ou non - s'enchaînent, seule une pensée persiste : Linoge veut quelque chose (et considérant les moyens qu'il déploie pour montrer sa puissance, ne doutons pas qu'il s'agit de quelque chose d'important qu'on ne donne pas si facilement) et l'aura (très vraisemblablement puisque les 4 cinquièmes de la ville sont prêt à lui faire un chèque en blanc pour qu'il déguerpisse.
Le petit paradis se transforme donc en scène de crime, puis en lieu de tous les dangers avant que l'horreur suprême ne se dévoile au final. Et qu'est ce qui peut être pire que de voir sa maison détruite, des connaissances mortes, sa vie menacée ? Ce que demande Linoge.
King nous confronte ici à un dilemme qui, je dois l'admettre, m'a fait froid dans le dos. Un dilemme qui ne permet pas vraiment de juger les uns ou les autres, et où il est difficile de prendre partit en toute connaissance de cause en étant certain d'avoir fait le bon choix. Un choix Juste, Honnête et Bon. Or n'est ce pas ce que l'on souhaite éprouver lorsque l'on fait un choix ?
Non content de nous mettre face à se dilemme, King, histoire de bien faire monter la pression et de bien activer notre Juge intérieur, parsème sa narration de petites questions pour lui. Que sommes nous prêt à accepter ? À pardonner ? Bien sûr, nous estimons que respecter la loinest important, mais quid des légères erreurs de parcours ? Faut il les punir toutes ? Et jusqu'à quand ne sont elles plus si légères ?
Quoi qu'il en soit, si la mini-série est à la hauteur de ce livre, il devrait s'agir d'une très bonne mini-série compilant peur et angoisse, amour et haine.
Un très bon livre donc, qui se lit d'une traite (bon, deux jours, mais c'est plutôt pas mal non ?) et à le mérite non seulement de faire frissonner, mais aussi de faire réfléchir, ce qui redoublera les frissons.