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Le roman présente deux hommes dont la fortune et le destin sont radicalement
opposés :


Werner Jonquart est né d’une famille de riches industriels laitiers implantée en
Suisse, au bord du lac Léman. Moyennant la générosité de ses parents, il pallie
ainsi le manque de clientèle de sa société de consultant d’entreprises à Paris. À
la faveur d’une visite à sa famille, il est informé de la grave maladie dont
souffre son père et des problèmes financiers importants qui menacent la
pérennité du groupe familial. Il doit prendre une décision essentielle : succéder
à son père afin de redresser la société ou poursuivre sa vie de bohème à Paris.


Romain est un militant de l’extrême gauche radicale. Il a été formé à Cuba au
sein de mouvements de luttes révolutionnaires clandestines. Mais contraint de
rentrer en France - par la suite de la découverte de sa relation avec Julia,
activiste également - il fonde aux côtés de celle-ci, désormais sa compagne, un
mouvement politique révolutionnaire à Paris. Très soucieux de demeurer dans
l’ombre, il recrute Greg, jeune beau et charismatique, chargé de le représenter
publiquement et de mettre en œuvre les idées du parti. Mais considérant les
élans révolutionnaires de Romain très affaiblis, Greg ambitionne très vite de
prendre sa place à la tête du mouvement, mais également dans la vie de Julia.


À l’occasion d’une manifestation particulièrement violente, à laquelle Greg et
des membres du mouvement de Romain participent, un homme est tué dans
des conditions étranges et inexpliquées. Est-ce la conséquence d’une bavure
policière ? Pourquoi Romain souhaite-il à rester dans l’ombre du mouvement
révolutionnaire qu’il a créé ? 


Tels sont les enjeux et les intrigues du premier roman d’Alain SCHMOLL,
dirigeant d’entreprises, paru, en 2019, aux éditions l’Harmattan.
Il est difficile de donner un avis très tranché à propos de la fiction d’Alain
SCHMOLL
.


Le suspense et les rebondissements trouvent incontestablement leur place au
sein de cette intrigue originale et très bien pensée. Mais le récit, dont il faut
souligner qu’il est le premier de l’auteur, est très inégal à plusieurs égards.
L’architecture d’ensemble heurte par son manque de cohérence et d’harmonie.
Non pas de façon strictement formelle - en ce sens que les deux parties qui le
composent sont disproportionnées, en tant que tel ce n’est pas un problème si
le roman le justifie - mais sur le fond, elle révélé bien d’autres défauts. Dans la
première partie, l’auteur alterne, respectivement et alternativement, les récits
de Werner et de Romain. À cet égard, Alain SCHMOLL a très judicieusement
employé un statut narratif différent - la première personne pour l’un, la
troisième pour l’autre - que justifie l’intrigue et, mieux encore, qui sert celle-ci.
Cependant, la seconde partie n’en est pas véritablement une au sein d’un
ensemble homogène que requiert la construction d’un roman. Elle semble être
une suite de l’histoire des protagonistes Ainsi, après avoir révélé, d’une part, le
choix de Werner au regard de la direction de société familiale et, d’autre part,
les raisons de la clandestinité de Romain au sein de son propre mouvement –
et l’on comprend ainsi la mise en parallèle du destin des deux personnages –
l’auteur leur permet de se retrouver (au sens littéral) y tirant le bénéfice pour
résoudre l’énigme de la mort du malheureux manifestant. Mais, pour autant,
les deux parties ne peuvent s’exclure l’une et l’autre. À méditer…


À partir de là, certains défauts de fond devenaient inéluctables. L’histoire
peine à prospérer, son évolution est souvent laborieuse. Elle est, parfois,
affaiblie par de trop nombreuses, longues et digressions financières et
économiques concernant la société Jonquart indifférentes à l’évolution de
l’intrigue ainsi que de narrations à propos des partenaires différentes de
Werner – la lecture du roman permettra de comprendre pourquoi celui-ci et
Julia se sont, à un moment donné, perdus de vue. Les descriptions et
digressions de faits ou de situations sont toujours les bienvenues quand elles
permettent de construire les personnages, les décors ou le paysage du roman ;
elles ruinent, en revanche, l’intérêt de celui-ci quand elles ne se justifient que
pour et par elles-mêmes.


Les personnages précisément. Il s’agit d’un aspect parfaitement réussi
dans le roman. Plus particulièrement celui de Werner, mais de Romain
également. Leurs défauts, leurs doutes et leur évolution tout au long du
récit leur permettent de dominer celui-ci et de se souvenir d’eux après
avoir refermé le livre.


En revanche, si l’écriture est limpide, elle n’est pas toujours très bien maîtrisée.
De trop nombreuses fautes de style, de syntaxe, parfois même d’orthographe
sont à déplorer. La recherche du mot juste qui doit traduire avec précision la
pensée du narrateur n’est pas toujours effectuée avec vigilance.


Pour conclure « la tentation de la vague » n’est pas un mauvais roman, loin de
là, mais très inégal et surtout perfectible. L’on passe, grâce à une intrigue
incontestablement habile et intelligente, d’instants de lecture très captivants,
mais aussi quelquefois ennuyeux. C’est dommage car Alain SCHMOLL n’a pas
choisi la facilité propre à quantité d’auteurs qui encombrent trop souvent de
leurs livres les rayons des librairies.


C’est donc sans aucune réserve que je conseille la lecture de « la tentation de la
vague
 », d’Alain SCHMOLL.
Bonne lecture,
Michel. Mon blog, F D L

michelblaise
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Écrit par

Créée

le 27 nov. 2019

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Michel BLAISE

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