La tentation du vide est un livre étrange et énigmatique aux résonances macabres. Le roman du grec Christos Chryssopoulos débute par une sombre litanie : celle des noms des 14 garçons et filles qui se sont suicidés la même nuit dans une petite ville américaine sans histoire. Les circonstances de cette tragédie sont livrées dans un style glacé de rapport de médecin légiste. Chryssopoulos enchaîne avec le portrait un peu plus détaillé de l'une de ces victimes, Betty Carter, fascinée depuis l'enfance par la mort. Dans sa dernière partie, le roman livre in extenso la lettre adressée par un personnage inquiétant, en lisière de ce fait divers, à Betty. Missive dans laquelle il apparait comme une sorte de penseur nihiliste dont on pressent qu'il a pu être à l'origine de ces suicides. Mais rien de certain, le lecteur peut bien se perdre en conjectures, ce n'est certes pas l'auteur qui lui donnera ne serait-ce qu'un commencement de réponse. Le roman est troublant, c'est le moins que l'on puisse dire, au point qu'il a pour première conséquence de rechercher si ce fait divers a effectivement eu lieu. Que nenni, ce n'est que pure fiction, mise en scène dans un faux thriller et une réflexion cahoteuse sur l'adolescence et ses pulsions morbides. Sa dernière partie, trop étirée par rapport au reste du livre et passablement nébuleuse, empêche de se passionner totalement pour un roman qui fait de nos existences un néant tôt ou tard remplacé par un autre, encore plus indéchiffrable. Comme l'a dit Woody Allen : Y a t-il une vie avant la mort ? Hum, oui, merci, M. Chryssopoulos, vous avez 150 pages pour vous exprimer sur le sujet.

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le 17 déc. 2016

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