Contre toute attente - parce que le titre, l'image de couverture et le texte en quatrième de couv' laissaient craindre un autre de ces romans putassiers dans lesquels s'illustrent de plus en plus les auteurs de "romans de gare", avec serial killer, sévices sexuels en tous genres et complaisance dans les descriptions insoutenables -, "la Terre des Morts" s'avère être facilement le meilleur livre de Grangé depuis "le Vol des Cigognes" et "les Rivières Pourpres". Le démarrage est certes fastidieux et peu excitant, qui enfile les habituels clichés sur des jeunes femmes massacrées par un assassin sadique, sur un policier brutal, déséquilibré et régulièrement en dehors des clous, et donne souvent envie de laisser tomber l'affaire... Et puis, progressivement quelque chose s'éveille dans le récit : entre une vision originale et passionnante de la peinture, et une vraie richesse de l'énigme centrale, qui n'arrête pas de nous surprendre en enchaînant faux semblants et changements surprenants de perspective, on se trouve accrochés à ce qui s'avère tout simplement un bon polar. On fait fi des invraisemblances typiques de Grangé, et même si un récit dégraissé de multiples péripéties qui ne servent à rien à part augmenter notre stress aurait été au final plus efficace, on en arrive à une conclusion réjouissante et originale.
Une belle surprise, et une nouvelle preuve qu'on ne doit pas juger un livre sur sa couverture.
[Critique écrite en 2019]