"La terre qui demeure" est le premier roman de Claude Michelet publié en 1965. Bien avant les romans qui feront de lui au auteur à succès comme la sage "des gens de Saint-Libéral" (1979) qui ont fait sur SC l'objet d'avis de ma part.
Ce roman a fait l'objet d'une réédition dans les années 2000. On sent déjà une plume féconde et passionnée.
Les premiers mots du roman donnent déjà le ton :
D'un mouvement lent, machinal mais précis, l'homme planta sa fourche dans le tas de fumier brun. Il souleva sans peine un gros tas de bouses qu'il projeta autour de lui, le chargement se disloqua en l'air, puis retomba sur les chaumes secs en une multitude de fragments odorants.
C'est comme si on y était. En lisant le texte, je sens même l'odeur et ressens la satisfaction de le l'homme qui donne à manger à sa terre ...
La terre, justement. Celle que le paysan possède et travaille année après année. Celle qui est menacée par le progrès mais aussi par les promoteurs qui cherchent à l'acheter - à vil prix - pour y construire des habitations.
Déjà, quelques années auparavant, certaines terres s'étaient révélées riches en uranium et avaient été cédées pour un bon prix d'autant plus que ces terres-là étaient pauvres, difficiles à travailler et peu rentables. Ce fut une fameuse affaire qui avait arrangé tout le monde. Mais là on s'attaque aux terres riches ou facilement arables. L'ensemble des propriétaires restent tentés par cette vente dont le promoteur leur cache la vérité. L'ensemble des propriétaires sauf deux paysans, Jean Bordare et le père Garnac qui s'opposent farouchement à cette vente. Sans leur accord, pas de vente et pas d'argent facile. Mais voilà, tout semble se liguer contre eux et l'affaire ressemble à une cause désespérée jusqu'à ce que …
Le roman écrit dans les années 1960 semble étrangement actuel sinon qu'aujourd'hui les agriculteurs sont mieux armés pour se défendre et disposent de multiples recours les protégeant. On constate d'ailleurs que l'urbanisation sauvage des campagnes est bien plus encadrée qu'elle pouvait l'être à l'époque.