Le livre rassemble plusieurs recueils de poèmes de Thomas Stearns ELIOT (1888-1965). Américain naturalisé Anglais, Eliot est un grand poète, dramaturge et critique littéraire.
J'aime particulièrement "Quatre Quatuors", dont je donne un extrait, traduit par Pierre Leyris, tiré de Burn Norton. On y devine la passion d'Eliot pour la philosophie, certaines langues et religions orientales (sanskrit, bouddhisme).
QUATRE QUATUORS : BURN NORTON :
"Le temps présent et le temps passé
Sont tous deux présents peut-être dans le temps futur
Et le temps futur contenu dans le temps passé.
Si tout temps est présent pendant l'éternité
Tout temps est irrémissible.
Ce qui aurait pu être une abstraction
Qui ne demeure un perpétuel possible
Que dans un monde de spéculation.
Ce qui aurait pu être et ce qui a été
Tendent vers une seule fin qui est toujours présente.
Des pas résonnent en écho dans la mémoire
Le long du corridor que nous n'avons pas pris
Vers la porte que nous n'avons jamais ouverte
Sur le jardin de roses. Mes paroles font écho
Ainsi, dans votre esprit."
"Va, va, va, dit l'oiseau : le genre humain
Ne peut pas supporter trop de réalité.
Le temps passé, le temps futur,
Ce qui aurait pu être et ce qui a été
Tendent vers une seule fin, qui est toujours présente."
"Au point-repos du monde qui tourne. Ni chair ni privation de chair.
Ni venant de, ni allant vers ; au point-repos, là est la danse ;
Mais ni arrêt ni mouvement. Ne l'appelez pas fixité,
Passé et futur s'y marient. Non pas mouvement de ou vers,
Non pas ascension ou déclin. N'était le point, le point-repos,
Il n'y aurait nullement danse, alors qu'il n'y a rien que danse.
Je ne puis que dire : nous avons été là, mais où je ne saurais le dire.
Et je ne saurais dire pour combien de temps : ce serait situer la chose dans la durée."