La Théorie est une œuvre magistrale, ni balzacienne, ni houellebecquienne, juste philosophique.

La Théorie échoue à ce qu’elle aspire. Ce devait être un étalon à prix, un moulin à vente, ce fut surtout un succès critique. Ce raté se résume à une chose. L’étiquette balzacienne est entièrement usurpée.
Ni univers alternatif, ni forêt de personnages, ni Rastignac. Xavier Niel n’a pas de souci à se faire. Pascal Ertanger laissera sans doute un souvenir très vague, et ne sera jamais un héros qui pourrait potentiellement se substituer dans l’inconscient collectif aux figures réelles dont il est tiré. Mis à part quelques jolis passages, au début, où Aurélien a refourgué des souvenirs de son enfance, l’auteur ne produit aucun vécu, aucune aventure dans un roman qui s’intitule à juste titre La Théorie.
La velléité de réclamer l’héritage houellebecquien – c’est un peu tôt tout de même, il n’est pas mort le pauvre vieux –, est en ce sens profondément déçue. Ce n’est pas en faisant se masturber le personnage principal sur un tchat de Minitel Rose qu’on touche à la Grace comme Les Particules Élémentaires s’en approche en évoquant les campings nudistes ou l’éjaculation dans les trains de banlieue. Mais je n’irais pas jusqu’à dire, tel Jérôme Dupuis dans sa critique, qu’Aurélien Bellanger est « un Houellebecq sans humour, sans sexe, sans aphorisme, sans mélancolie ». Les aphorismes, le sexe triste et l’ironie sont bien là.
Je n’aime pas l’ascendant que les philosophes ont pris, depuis Proust, sur la littérature française. Mais les Philosophes ratés font des découvertes littéraires fortes. La Théorie de l’Information est une œuvre magistrale, ni balzacienne, ni houellebecquienne.
Pour parler d’histoire, d’économie ou de physique sérieusement, il faut aujourd'hui au moins une thèse et une agrégation dans chaque domaine. L'homme total n'existe plus. Si je décide d'être philosophe, ma vie entière doit être dédiée à cette vocation. Et pour décrire et raconter la vie actuelle, montrer la superposition des couches de virtualité et les implications conceptuelles de chaque élément, il faut un armada théorique absurde, qui rend l'ambition d'une narration réaliste totalement inepte. Le romancier est dépassé, obsolète. Les équipes industrielles des scénaristes de série à la The Wire ou Les Sopranos battent Balzac et Zola à plate couture. L’univers de fiction qui se meut désormais en temps réel dans les arcanes du réseau électronique global est infiniment plus riche que ne le sera jamais La Comédie Humaine.
La Théorie est un essai de construction d’un narrateur par un enfant anonyme des banlieues françaises. Après avoir tenté de raconter la Singularité, cette voix ambiguë et velléitaire se décourage, se justifie en dénonçant la vanité du projet, et moque dans une accumulation de sophismes ironiques, la possibilité de construire un récit sans personnages ni véritable scène, à partir d’informations collectées sur Wikipedia - seule héritière légitime des humanités.
jeremyfentaume
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le 23 janv. 2013

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4

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Tout ce qui a été ecrit sur ce 1er roman est vrai. L'écriture ressemble a du Houellebecq (mais avec moins d'humour), on a très souvent l'impression de lire des extraits de Wikipedia, et le personnage...

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La Théorie de l'information
rolandcassard
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Est-ce vraiment un roman ? Aurélien Bellanger raconte une histoire que nous connaissons tous plus ou moins, l'histoire de l'arrivée du minitel et d'internet sur le ton le plus ennuyeux possible...

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