Je suis toujours un peu réticent à lire des nouvelles (on n'a pas eu le temps de s'immerger et c'est déjà fini), mais là c'était un cadeau d'abord, et ensuite un cadeau de bon aloi, car ce bouquin a manifestement très bonne réputation, notamment sur SC. Et j'avoue que je n'ai pas été déçu.
"La tour de Babylone" comporte huit nouvelles, toutes assez différentes tant quant à l'univers dans lesquelles elles se situent qu'aux thèmes abordés. Assez inclassable, en fait, dans un quelconque sous-genre de la SF. Bel éclectisme en vérité : si six de ces nouvelles se déroulent dans un monde assez proche de celui des Etats-unis contemporains (tout en incluant bien évidemment des éléments fantastiques), la septième est d'inspiration steampunk, et la dernière - éponyme du recueil - est située dans la Babylone antique.
Le fil rouge est finalement - et ce n'est guère surprenant lorsque l'on considère que Ted Chiang travaille dans l'industrie informatique - un ensemble de références à des sciences qui ne sont pas sans rapport avec les technologies de l'information : neurologie, psychologie, mathématiques, physique, théorie des langages. Plutôt trapu d'ailleurs, à cet égard, le Ted. Une seule exception, la nouvelle d'inspiration religieuse, "L'Enfer, quand Dieu n'est pas présent", fable ironique visant - probablement - les fous de dieu qui je crois sont légion aux Etats-Unis.
Voilà, énormément d'inventivité, des situations d'une grande originalité, des modes narratifs diversifiés, même si certaines nouvelles finissent un peu en queue de poisson. En définitive, l'ensemble est plutôt cohérent (une seule des nouvelles m'a paru un peu en dessous des autres, mais je ne dirai pas ici laquelle), agréable à lire pour qui ne craint pas de se frotter un peu aux sciences.