"Transparence des choses, à travers lesquelles brille le passé !"
Tout petit roman, lu en deux temps trois mouvements, tout concentré du génie d'un auteur qui n'a plus à faire ses preuves.
L'histoire de Hugh Person, que l'on prononce "You" si l'on a du mal à parler l'anglais, ou Percy si l'on ne veut même pas essayer.
You Person.
Un homme qui aurait pu tout faire, mais qui au final est un homme banal, plein de rancœur, de rêves et de dégoût. Un homme banal, un poète qui n'est que correcteur, un américain qui va en Suisse pour les vacances, pour le travail, qui y perd son père, qui y rencontre sa femme. Quatre voyages en Suisse.
Si ce petit roman est remarquable, c'est sûrement par sa construction. Un narrateur qui mêle sa voix à celle de son personnage principal, qui se permet des "nous", qui se permet un premier chapitre uniquement pour lui. Des chapitres courts qui s'enchaînent en croisant les temps, mais sans perdre personne, un livre qui se construit tout doucement. Tout doucement, le personnage de Hugh montre toutes les faces de son visage banal. Hugh fait du tennis, Hugh a des problèmes d'insomnie, des problèmes de somnambulisme. Hugh a beaucoup de choses qui tournent dans sa tête, finalement.
"J'ai horreur de Witt, dit Hugh, horreur de la vie, horreur de moi-même, horreur de ce vieux banc dégueulasse."
Et Nabokov qui comprend bien, que petit à petit il nous conduit vers ce dernier chapitre, le plus intense, "c'est là que cet orgasme de l'art se répand dans toute l'échine".