La fin d'un cycle, c'est toujours un peu triste. D'autant plus chez un auteur comme Michel Tremblay qui n'a pas son pareil pour nous faire vivre au plus près de ses personnages, avec leurs joies et leurs tourments. La traversée du malheur est le neuvième et dernier volet de La diaspora des Desrosiers pendant laquelle nous avons suivi une famille, au sens très large, de 1913 à 1941. Un point final à une saga où les sentiments font office d'effets spéciaux, le style flamboyant et intimiste à la fois de l'auteur québecois valant bien, sur le plan littéraire, la débauche pyrotechnique des blockbusters hollywoodiens. Ce dernier tome est objectivement le plus faible de la "collection" Desrosiers, se reposant sur des événements souvent déjà contés et ne faisant que tricoter sur des thématiques largement évoquées par ailleurs. Qu'importe pour le lecteur assidu de Tremblay, il y retrouvera le bon goût d'un écrivain qui n'est jamais, quoiqu'en dise le titre du roman, complètement dans le malheur, l'humour et le droit à l'espoir constituant sa marque de fabrique. Edouard, Albertine, Victoire, Nana, Thérèse, Gabriel ... Ils sont tous là, en ces temps difficiles à Montréal, synonymes de restrictions et de pauvreté alors que la guerre fait rage de l'autre côté de l'Atlantique. Pour notre plaisir malgré l'amertume palpable des jours de disette et de deuil. Michel Tremblay a bien joué le coup : notre tristesse à la fin du livre est aussi bien celle que l'on éprouve devant la détresse de ses protagonistes que celle de devoir désormais vivre sans nos cousins canadiens.

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le 17 déc. 2016

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