Grand fan de Tim Burton, j'avais à l'époque - il y a 10 ans déjà - laissé passer l'occasion de lire son premier (et unique à date, je crois) livre, "La Triste Fin...". Erreur réparée aujourd'hui, et avec d'autant plus de satisfaction de ce petit recueil de poèmes (en anglais et en français dans l'édition 10/18, avec une traduction habile de Belletto) jette un éclairage nouveau sur les films de celui qui reste l'un de mes metteurs en scène préférés. Il faut dire aussi que chaque poème est illustré par un ou plusieurs dessins de Burton, qui renvoient immédiatement vers son imaginaire "habituel" : noir, gothique, cruel. Un éclairage nouveau donc, car il me semble que, ce livre étant "plus léger", donc plus "personnel", que n'importe lequel des films de Burton - tous réalisés au sein du système, ne l'oublions pas malgré leur indépendance de ton et leur singularité -, il se laisse à aller à exprimer ses peurs et ses souffrances avec une franchise totale, voire même une complaisance masochiste (sadique aussi, on ne sait plus, souvent) que les codes du cinéma hollywoodien l'empêchent généralement d'exprimer aussi frontalement. Entre l'horreur absolue que représente l'arrivée de l'enfant dans le monde de l'adulte / adolescent mal grandi, et la haine que les parents rendent en retour à leur progéniture, voici 23 contes horrifiques qui vous dégoûteraient à jamais de la famille comme de l'enfance. Derrière ces monstruosités aussi physiques (tous ces enfants inexplicablement mutants) que morales (le rejet inconditionnel du monde face à la différence), se dessinent clairement les souffrances infinies d'un enfant rejeté par le monde, mais qui aurait - on le sait - dans la "VRAIE" vie transformé sa peur en créativité, puis en triomphe mondial. On attend donc, en frissonnant quand même, que toute cette douleur soit un jour exprimée aussi crûment et aussi magnifiquement dans l'un des films de Tim Burton. [Critique écrite en 2008]
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