Premier livre de Michel Onfray pour ma part, mais l’illustre personnage ne m’était pas inconnu, je me plais à le voir indéboulonnable dans un débat, toujours cuirassé dans une gravité qui semble se nourrir de colère, mais d’une colère de philosophe, donc sage. Un homme toutefois qui n’est pas imperméable à l’humour, au contraire il en a beaucoup, on l’entend, on le ressent. Il est du côté du peuple, et il est contre le gouvernement dont il abhorre l’impéritie (un mot qu’il affectionne). Il est aussi du côté de l’enseignement gratuit de qualité, créateur de l’université populaire de Caen et plus récemment de l’université populaire confinée, qui a notamment pour but de pallier le schisme dans l’accès à l’éducation que créent les nouvelles frontières imposées par le virus entre certains jeunes, ceux qui ont de la chance et ceux qui en ont moins.
Bref, ce sont les premières choses qui me viennent en pensant à ce cher Michel après la lecture de ce livre, dont il faut dire un mot sur la structure et la visée. Onfray l’explique dans la préface, ce livre est un « journal de l’épidémie et la suite de son travail de chroniqueur ». Pour le finaliser, il n’a dû qu’ajouter une introduction et une conclusion, le reste avait déjà été écrit, et il ne l’a pas modifié, de sorte qu’on a ses impressions « en temps réel ». Cela permet de voir notamment qu’il avait fait preuve d’un grand bon sens dès janvier 2020 sur la gestion approximative de la crise par les autorités françaises.
Macron est le personnage principal de ce texte, l’adversaire principal devrais-je dire, car la Vengeance du Pangolin est un pamphlet, et un pamphlétaire a bien besoin d’un adversaire ! Ici Onfray s’attaque en priorité à la gestion désastreuse par Macron de la crise provoquée par le coronavirus (indécision, errements, confinement tardif, poursuite d’une idéologie maastrichtienne au détriment des intérêts du peuple...) ; il expose et déplore le « lyssenkisme macronien », une soupe indigeste d’idéologie et de science.
En réalité, des adversaires, il y en d’autres, l’attaque est coordonnée, il y a aussi Agnès Buzyn, son mari, les médecins payés par les laboratoires pour casser Raoult sur les plateaux télé, les chaînes publiques payées par le contribuable pour répandre des faussetés, ou de mauvaises idées…
La critique est saupoudrée, ou plutôt, soutenue, par des réflexions philosophiques, sur l’art, la science, l’épistémologie de la science, ou encore des anecdotes comme celle des échanges téléphoniques entre Onfray et Raoult.
Tout cela se lit rapidement et facilement, le ton est véhément, agressif, mais cela ne signifie pas qu’il soit injustifié, ou que l’on ne puisse pas avoir un avis divergent.
Sans du tout prendre parti sur la question Raoult, je n’en suis pas capable, pour finir, une phrase que j’ai bien aimée « il vaut mieux un médecin compétent peu accord à un gentil thérapeute nul ». Et des phrases comme celle-ci, il y en a pas mal.