Dans ce film nous n'allons pas enchaîner les images d'archive pour regarder l'argentin jouer du pied mais savourer un morceau de l'enfance du glorieux italien qui dirige la caméra. Paolo pour notre plus grand plaisir s'engage ouvertement sur la pente autobiographique.
Et il est bien le seul qui sache le faire sans nous emmerder, en restant simple, confiant dans son talent, et heureux de partager cette beauté obsédante qu'il couve discrètement.
Il nous fait parcourir ses souvenirs de famille, observer les réactions colériques de la grand mère taciturne et haineuse qui gronde au fond
du jardin de la maison familiale, compatir avec l'oncle que les petits délits vont mener en prison, partager la joie du pétulant contrebandier dont on devient par hasard l'ami, lutter contre l'attraction qu'exerce une poitrine voluptueuse, ressentir profondément, charnellement la beauté de Naples, figure divine, corps des souvenirs du réalisateur, incontournable port sur lequel le réalisateur a eu besoin d'amarrer son film.
Bien sûr, ce n'est pas tout, ce n'est qu'un début, un décor, des details, des bruissements de drapeaux, des violons baroques, qui nous mettent en condition pour aborder le thème de la douleur, de l'éternelle solitude qui étreint le héros de Sorrentino, la même qui ébranlait le jeune pape lorsqu'il se remémorait ses parents, cette force qui justifie et commande les errements de l'artiste, qui sont peut être une fuite, en tout cas un chemin de création.
Je vous conseille d'aller voir l'interview de Sorrentino postée sur Youtube par Natflix 5 jours avant la sortie du film.