Dégage minable ou je te montre ma Iron Mike AttiTeub !
J'aime autant prévenir, le livre, et du coup ce qui suit, risque de manquer de tenue et j'ai bien peur que ça vire au crasseux.
- Tyson, la vérité et rien d'autre -
Michael décide (enfin) de mettre les poings sur les i, de s'expliquer et de régler ses comptes avec ceux qui ont abusé de sa gratitude ; tous ceux qui l'ont pris pour une merde et aussi pour une bonne grosse vache à lait.
Le titre indique son désir de rétablir la vérité, de rectifier la conscience collective à son égard, et pour ce faire il entreprend de tout raconter, n'épargnant rien ni personne et ne laissant de côté aucun détail, même pas le plus ridicule.
Du coup, tous ceux qui l'ont fait chier en prennent pour leurs grades.
Ses anciens managers, du coup, Don King dont il dit que c'est un connard et un fourbe ; la mère de son (1er) fils qui du coup n'est pas son (vrai) fils ; son ex-femme Robin et du coup son ex-belle-mère qu'il accuse de manipulation ; son agent de probation, après déballage du paquet sur ses affaires de sexe, du coup, son (ses) procès pour viol(s) et agression(s) en 92, précisant (quand même) avoir sollicité un urologue pour témoigner de ses "mensurations" hors normes ;
Wouach, ça fait beaucoup de coups et après enchaînement de quelques pages on se rend bien compte de la propension jusqu'au boutiste de l'écriture...
Depuis sa jeunesse dans le ghetto de Brownsville, avec comme exemple une mère alcoolique et un père absent qui "ne connaissait que la Bible et les putes", jusqu'à sa rédemption, en passant bien sûr par ses 3 ceintures de champion du monde poids lourds et sa furieuse descente aux enfers, Mike Tyson se livre et se livre complétement.
Bien que ceux à qui la boxe anglaise provoque de sévères spasmes souffriront ponctuellement, le récit est relativement prenant. Cependant on note allègrement deux tons dans la narration.
A l'évidence Mike avait une bonne plume à ses côtés pour couvrir de mots ces quelques 500 pages, une sorte d'Henri Guaino à lui, et aussi tout une armée d'historiens et de spécialistes du sport pour rendre avec autant de précision et une telle intensité 40 ans de sa vie et plus de 20 ans de combat sur le ring (et aussi parfois dans la rue).
Il a voulu une écriture proche du lecteur, appliquée et familière, comme si on lisait les blagues salaces d'un bon vieux pote.
On imagine particulièrement bien, la batterie de spécialistes autour de la table se prendre la tête entre les mains tandis que Tyson plus loin dans la canapé devait lancer des :" Yo putain c'est cool ça, mais rajoute quelques Merde fait chier ce connard !", histoire de tempérer les "Nolo contendere" de ses avocats.
Au delà de ça, il y a aussi nettement deux parties à son livre, comme les deux parties profondément différentes de sa vie, l'ascension puis la chute.
Lorsqu'il évoque sa sortie de la misère, son ascension fulgurante, les mots qu'il emploie sont ceux de l'arrogance folle dictée par un ego démesuré qui le caractérisait en ce temps là, précisant que "Dieu pouvait être jaloux de lui", se traitant de salaud et n'aimant alors que sa propre personne et aussi son mentor Cus d'Amato.
A cette poque, Iron Mike ne vacillait jamais. Il était seulement parfois déséquilibré..."avant de rattaquer fort et asséner des coups puissants" à son adversaire.
Iron Mike était incontrôlable, tout puissant...puissantissime..., à fracasser tout le monde, empocher des millions, acheter des Rolls et des baraques à tour de bras, boire comme un trou, fumer des joints et foutre les narines dans la poudre, puis ramener des filles chez lui et enfin sortir sa grosse bite.
Que voulez-vous...c'était ça, la Iron Mike AttiTeub !
La seconde partie est encore un peu plus décomplexée, les mots souvent outranciers, bien que plus terre à terre, tandis que la dystopie l'accable. Mike était juste un p'tit gars du ghetto, désarmé face aux épreuves de la vie, qui voulait devenir le meilleur et au passage se faire quelques gonzesses...
Mais au lieu de cela, ces mêmes gonzesses lui ont fait bouffer la poussière, le traînant devant les tribunaux pour la plus petite histoire de jambes en l'air. Ajouté à un soupçon de naïveté, une mégalomanie exacerbée, des passages devant le juge à répétition pour divorces et agressions multiples...Mike s'est vite retrouvé à poil, détroussé de quelques centaines de millions de dollars.
Son histoire est palpitante, les péripéties drôles, brutales et risibles à la fois. Le plus touchant étant que sans conteste la promesse faite par le titre est tenue, se foutant éperdument de paraître ridicule et témoignant ainsi d'un énorme travail critique sur lui-même ; reconnaissant en définitive avoir été un "connard malade" ou pire, un "fils de pute dysfonctionnel".
Oui...la vérité est énorme dans ce livre où il était question de tout dire pour être en paix avec lui-même, à moins qu'en vendant son bouquin à 21.50E, Mike avait vraiment besoin de tune pour régler le fisc.
On peut aimer Tyson ou le détester, mais jamais être indifférent à ce personnage immense, qui un peu malgré lui façonna l'histoire de la boxe anglaise.
Pour le moins, suite à la lecture de ses mémoires, on finit touchés par l'étalage si complet de sa vie. Une franchise absolue, confondante, qui distrait, émeut et procure un peu de bonheur.