En septembre 2015 sortait sur les écrans français Much Loved qui racontait le quotidien de prostituées de Marrakech. Un grand film, avec une touche de romanesque, mais aux résonances politiques très fortes qui n'ont pas d'ailleurs eu l'heur de plaire aux autorités marocaines. Se plonger dans La vérité sort de la bouche du cheval est par conséquent une expérience relativement familière même si le contexte est différent ne serait-ce que parce que l'héroïne du livre, Jmiaa, exerce son métier dans les quartiers populaires de Casablanca et que c'est elle qui s'exprime, à la première personne, au fil d'une sorte de journal intime qui raconte sa vie au jour le jour, souvent sordide, avec une verve jamais prise en défaut même si dérapant parfois dans une grossièreté un peu répétitive. L'immersion est totale, dans la première partie du roman, et le regard de Jmiaa, qui a dépassé la trentaine et est mère d'une fillette, séduit par son franc parler, sa lucidité et son absence de tabous pour décrire une société où l'hypocrisie et la corruption vont très bien ensemble. Rien de très nouveau sous le soleil de Casa mais l'énergie et la vitalité de Jmiaa attirent forcément la sympathie. Cela se gâte malheureusement dans la deuxième partie du roman qui tourne au conte de fées improbable si l'on considère la volonté de réalisme de l'auteure. Ce n'est pas que l'on veuille du mal à la belle de Casa mais les péripéties que La vérité sort de la bouche du cheval décrit dans ses dernières pages souffrent d'un grand défaut de crédibilité. Il est vraiment dommage que ce premier roman en grande partie réussi ne tienne pas ses promesses jusqu'au bout.