Et si, pour cette ultime critique de l'année, en période de fêtes, si on se faisait plaisir ?
Et si on disait du mal ?
Allez, on prend une cible facile, l'un des rares mauvais livres qu'il m'ait été donné de lire cette année.
La déception fut d'autant plus grande que, en plus d'être honoré de quelques prix littéraires, le roman m'a été recommandé par des personnes en qui j'ai confiance. Et puis, en soi, le projet me paraît bien et est porteur d'espoirs : réflexion sur l'Amérique et mise en abyme sur le travail d'écriture, ça peut donner plein de choses si c'est laissé entre de bonnes mains.
Le problème saute vite aux yeux ici. A vrai dire, dès que l'on commence à lire. On ne peut pas dire que ce soit mal écrit, c'est juste écrit avec la plus totale platitude. Les phrases sont vides de tout ce qui pourrait faire de la littérature.
Ce qui sert de trame principale au roman est donc une histoire plus ou moins policière (c'est pratique, l'histoire policière, surtout si on veut explorer les travers d'une société, donc l'idée est a priori pas mauvaise). On comprend vite que l'aspect policier n'est qu'une excuse, mais quand même ça ne veut pas dire qu'il doit être totalement délaissé. L'organisation en allers-retours entre le passé et le présent est très mal gérée et le roman patine, englué dans des répétitions. Le narrateur apprend quelque chose en 2008, puis on passe 20 pages pour nous redire exactement la même chose en 1975. Le roman se présente alors comme une lourde machine qui n'avance pas.
Mais alors, peut-être qu'il faut passer au-dessus de cette histoire policière mal ficelée pour voir la critique de l'Amérique. Mais là aussi, la déception est importante. En guise de critique, l'auteur se contente de cumuler les clichés que les Français peuvent avoir au sujet des USA (depuis la mère juive façon Woody Allen jusqu'aux bleds paumés, en passant par "L'Amérique, paradis de la quéquète" (textuellement dans le roman), rien ne nous est épargné).
Là dessus se greffe une histoire d'amour qui aurait pu sauver au moins certains chapitres, mais là on court vers le ridicule. Donc, c'est l'amour fou, cet amour qui échappe à toute convention sociale, qui marginalise les personne qui en sont atteintes, etc. Et à quoi aboutit cet amour fou ? A mademoiselle qui tape à la machine les romans de monsieur... Avouez que ça envoie le bois, ça !
Il reste la réflexion sur la place de l'écrivain, son rôle social. Parfois l'auteur semble avoir touché quelque chose... mais finalement non. Il se contredit dans l'image qu'il veut donner de l'écrivain et se contente d'enfiler comme des perles des aphorismes creux.
En cette heure de bilan de l'année 2017, voici sûrement la grande déception littéraire pour moi. Suffisante pour que j'oublie le nom de son auteur...