C'est la première fois que je me suis ennuyé par moment dans un livre de Jean-Philippe Toussaint. On y trouve quand même quelque belles scènes, qui nous embarquent dans leur atmosphère et nous accrochent à la plume de l'auteur, comme dans les précédents titres de la série sur Marie, mais j'ai trouvé les 100 dernières pages un peu fades, je n'ai plus été happé par le rythme de la narration, et les descriptions m'ont semblé de plus en plus systématiques, et rébarbative lorsqu'on y trouve de plus en plus d'accumulations, de listes, que ce soit de bagages, de végétaux, ou de minéraux...
La capacité du narrateur à imaginer ce qui arrivait à Marie sans être présent lui-même m'avait impressionné esthétiquement dans Fuir, le précédent opus, où le procédé était employé de manière à avoir un vrai sens dans la narration et était soutenu par un style d'écriture époustouflant de beauté ; or dans La Vérité sur Marie le procédé est employé sur la majeur partie du roman, de manière plus gratuite, avec une écriture qui a des hauts et des moins hauts (on ne peut pas vraiment parler de "bas") et pour résultat que cette narration à la première personne focalisée sur un personnage extérieur devient souvent indistinguable d'une narration omnisciente à la troisième personne, ce qui n'a plus rien d'original.
Comme ça reste un Toussaint, on retrouve une structure élégante au récit : la mort annoncée et réalisée d'un personnage ; puis l'imagination par le narrateur de la relation qu'entretenaient ce personnage et Marie dans les mois précédents ; enfin retour au présent et retour dans la réalité où le narrateur et Marie se donnent à nouveau rendez-vous sur l'île d'Elbe. Trois chapitres, trois mouvement narratifs, mais aussi trois évènements marquants affectant Marie et permettant au narrateur de se rapprocher d'elle pour la reconquérir.