Grande morale de La Rochefoucauld : nos vertus sont des vices déguisés.
A vouloir faire un n-ième éloge du stoïcisme, Sénèque ne parvient au final qu'à faire relativiser sa vertu au lecteur ; car, comme dit dans une autre critique, le pauvre homme passe la moitié de son temps à justifier sa richesse apparemment contradictoire avec l'austérité qu'il prescrit.
Le reste de Sénèque est très utile, intéressant et réconfortant. Mais ce livre rappelle avant tout que bien des stoïques, même les plus grands, n'avaient peut-être pas les tracas de nombre d'entre nous.
Cela ne veut pas dire que la philosophie prescrite ailleurs par Sénèque ne vaille pas pour les gens du commun. Si ce court écrit permet de lancer temporairement un regard critique sur la difficulté à atteindre la sagesse telle que le vieil homme la conçoit, et vaut surtout pour ça, ses autres écrits sont de vraies aides à méditer quotidiennement, et même ponctuellement en tant qu'aides durant les phases de déprime intense.
La Vie heureuse comporte tout de même une originalité propre au stoïcisme de Sénèque : le suicide plutôt que la souffrance. Je pense que ce détail, et son honnêteté à camper sur cette position, expliquent tout l'effet que l'homme peut avoir sur moi même quand il se justifie pendant 30 pages d'être riche.
Mais mieux vaut lire Lucilius.