Via un récit plein de vie, Augustin offre au lecteur un protreptique dans un style résolument moderne. Loin d'être un ordre donné à se convertir à la philosophie, Augustin pousse le lecteur, avec subtilité, à embrasser le désir d'être philosophe, étant donné que la recherche de la vie heureuse est la chose la plus importante.
Le texte raconte une discussion qui s'étale sur 3 jours, avec Augustin, Monique sa mère, Adéodat son fils, ses amis et des élèves. La discussion est rythmée, les interventions sont nombreuses. Qu'est-ce qu'être heureux, qu'est-ce qu'être malheureux, comment atteindre cela ? Parfois on a une piste de qualité qui se révèle mauvaise. Augustin domine les autres mais tâchent simultanément d'arrêter ceux qui se trompent et de laisser les bons élèves (sa mère en tête, car inspirée par Dieu) faire leurs propres découvertes. Augustin redirige donc la conversation et apporte parfois ses propres réponses.
En cela, il est bien différent d'un Socrate, puisqu'il n'aime guère être trop interrogé de manière impromptu ni laisser la recherche vagabonder. On sent même un certain côté rugueux par moment.
Pour autant, derrière la beauté du style, le texte a quelques défauts. Il est court, très court, et n'aide pas un long développement. Le côté vivant est si mis en avant qu'on perd presque le côté philosophique. On regrettera que d'autres questions ne soient pas plus traités, que l'échange ne soit pas encore davantage présent et surtout que l'ouvrage ne soit pas, dans son contenu, plus épais. Car oui, il se résume finalement assez vite et amène donc une part de déception du lecteur qui est déjà entrain de rechercher la vie heureuse.
Une exhortation à la philosophie qui, comme souvent, manque donc de volume.