C'est une très bonne surprise que La Vie secrète des arbres. J'écris "surprise" non pas dans le sens où je n'en avais pas entendu parler. Au contraire, sa sortie en France a été très médiatisée après un énorme succès en Allemagne et suivie de près par le film éponyme, tout cela accompagné d'une importante campagne d'affichage dans le métro parisien.
"Surprise" donc, dans le sens où j'avais lu sur ce site et ailleurs nombre de critiques négatives accusant le livre de n'être que le fruit du délire rêveur d'un vieil homme quasi-animiste, sans aucun souci de rigueur scientifique. Quelle n'a donc pas été ma surprise en parcourant les pages de La Vie secrète des arbres. Non restreint à ces derniers, le livre offre un panorama de tout l'écosystème des forêts dont nous ne connaissons rien ou presque alors qu'elles se trouvent à nos portes et nous font vivre.
Certes, Peter Wohlleben prend parfois la tangente et se laisse aller à quelques extrapolations poétiques ou métaphoriques lors desquelles il projette sur les végétaux certaines des passions ou lubies humaines. Il frôle même le ridicule par endroits. Mais ceux-là sont assez faciles à identifier et ne suffisent pas à mon sens à décrédibiliser l'ensemble du livre.
A certains moments, je me suis senti presque coupable de ne pas connaître tel ou tel fait qui loin d'être anecdotique, se trouve régir la vie de deux tiers des êtres du globe (par exemple, ce que nous appelons champignons et cueillons au sol ne sont que les fruits apparents d'un système complexe de filaments souterrains qui peuvent s'étendre sur de très larges zones).
C'est peut-être cet aspect qui n'a pas plus à certains intellectuels de chambre et autres pisse-froid de l'esprit : le sentiment de se sentir idiot devant une évidence, d'être passé à côté de quelque chose qui était là, sous nos yeux. On comprend dès lors leur ressentiment vis-à-vis de La Vie secrète des arbres. A moins qu'ils détestent par réflexe tout best-seller, tout succès populaire, tout essai de vulgarisation. Pour ma part, je trouve que cette tentative bien qu'imparfaite ainsi que (et non malgré) l'accueil qu'elle a reçu auprès du grand public, valent bien que je lui tire mon chapeau.