Le point de départ où toutes les pensées sont accessibles à tous dans un monde sans femmes (c'est-à-dire sans espoir puisque voué à disparaître) est très fort. Le Bruit constant des pensées est un concept très bien rendu: graphiquement d'abord et stylistiquement car tout le roman se passe du point de vue intérieur du protagoniste. Des phrases longues ou très courtes suivant les situations, des sautes d'idées, c'est bien maîtrisé.
Ce protagoniste est le dernier enfant du village et, de ce fait, est spécial. Spécial pour ses parents (oui, deux hommes par la force des choses), le prêcheur quelque flippant et le maire. L'enfant compte les jours qui le séparent de ses 13 ans, lorsqu'il deviendra un homme suite à une cérémonie dont il ne sait rien.
Donc le roman s'ouvre sur plusieurs mystères: pourquoi le Bruit (qui englobe les animaux) et quelle est cette cérémonie. Puis l'auteur dynamite les fondations de son récit. Une fois. Puis encore. Puis encore. Puis encore.
Le rythme est trépidant dans le sens où ça ne s'arrête jamais: soit les révélations, soit les événements, généralement les deux en même temps. Il y a quelques clichés comme celui de terminer les chapitres sur des interrogations --voire des cliffhangers-- et des développements de personnages, mais le style élève clairement le niveau. Le tout est assez violent avec des descriptions directes.
C'est une trilogie, mais si vous avez une certaine tournure d'esprit, vous pourrez très bien vous arrêter à la fin de ce tome. Mais vous aurez très certainement envie de lire la suite.