Lady L., aristocrate anglaise respectée, fête en grande pompe ses quatre-vingts ans, amusée d'un tel hommage, qui semble tenir pour elle de la parade orchestrée, mais se contente de faire bonne figure mondaine. Sir Percy Rodiner, écrivain reconnu et lauréat d'un prix littéraire de renom, fait état à l'honorable douairière de son admiration pour elle, au point qu'il souhaite établir sa biographie. Elle le prévient qu'il lui faudra beaucoup de temps et de patience. Il y est prêt et se soumet de bonne grâce à ces conditions qu'il attendait peu ou prou.
Or, il ne pouvait pas prévoir la teneur de l'existence qui lui serait divulguée, car notre chère hôtesse a connu une vie mouvementée. Elle a appartenu aux cercles anarchistes, philosophiquement et politiquement, avec la dose de subversion qui en a découlé, elle est tombée follement amoureuse, parfois à ses dépends et s'est révoltée contre le sort des femmes. L'alcool, la drogue, les excès ne lui ont jamais fait peur, mais la mollesse et l'idéalisme l'exaspère. La grande dame du monde doit donc son statut à la dissimulation d'un passé subversif, avoisinant ça et là l'indignité.
L'auteur se serait inspiré de l'épouse avec qui il a convolé juste après-guerre, avec Jean Seberg.
Le ton ironique, le propos burlesque, l'aspect décalé de l'intrigue façonnent un récit truculent et quasi-désopilant, sous le regard hagard et presque terrifié de l'interlocuteur de la protagoniste. La rencontre de ces mondes opposés constitue certes un recette bien classique mais est appliquée avec autant de soins que de sarcasme, pour établir une histoire pleine de drôlerie. J'ai beaucoup aimé.