Apprentissage et transmission au moment de l'adolescence. Combien de romans ont été écrits à partir de ces ingrédients indémodables ? D'autant plus quand ils s'inscrivent dans le tumulte de la grande Histoire. Laissez parler les pierres est ainsi construit, récit d'un jeune homme auquel son grand-père a raconté ses années de douleur -détention arbitraire, torture et perte de son grand amour- pendant les longues années de dictature de Salazar au Portugal. Le livre alterne entre passé et temps présent pendant lequel le petit-fils tente de venger à sa manière la profonde injustice qui marqué la vie entière du vieil homme, désormais impotent et uniquement intéressé par les telenovelas. Bâti comme un thriller, avec parfois quelques tics du genre relativement inutiles, Laissez parler les pierres se lit avec plaisir tellement le talent de conteur de David Machado est évident, comme un cousin portugais de Carlos Ruiz Zafon. Au-delà des péripéties, nombreuses, et des coups de théâtre, l'intérêt vient en premier lieu de la réflexion sous-jacente sur ce que représente la vérité historique, si tant est qu'elle existe, dès lors qu'elle est soumise à la mémoire, par définition défaillante et plus ou moins conforme aux faits. De ce point de vue, le roman est passionnant, nous laissant dans une perplexité roborative. "Le mensonge n'est pas le pire ennemi de la vérité. C'est le doute qui l'est. Démontant les certitudes, y créant des ouvertures, il laisse de la place pour toutes sortes de vérités apparentes." On ne saurait mieux dire, monsieur Machado.

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le 16 févr. 2017

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