Petite info, le personnage de Lancelot n'apparaît pas dans les textes originaux sur le Roi Arthur, c'est une invention de Chrétien de Troyes (qui lui n'est pas à l'origine de Roi Arthur et les chevaliers de la Table Ronde).
Et justement, ce qui me plaît dans ce livre, c'est la manière dont CdT traite son personnage. Lancelot, c'est le chevalier parfait, c'est l'image même de l'amoureux transi, et même s'il a été élevé par une fée, il reste un humain qui fait des erreurs.
Ici, contrairement au Lancelot du Lancelot-Graal (1200) qui n'a absolument aucun défaut (et du coup ça gâche un peu l'intrigue), le Lancelot de CdT est, comme je l'ai dit, humain. Dans sa recherche de l'amour de la reine Guenièvre (l'image même de la fine amor), il fait des choix, certains bons, d'autres mauvais ; tantôt vainqueur, tantôt vaincu, il avance tant bien que mal dans sa longue et tortueuse quête.
Et surtout, surtout, il se prend un gros coup de bouclier en pleine gueule parce qu'il fait la sourde oreille :
Mais [Lancelot] est si captivé par ses pensées qu'il ne l'entend pas et le cheval, à l'instant même, se jette à l'eau depuis la rive et se met à boire avidement. Le gardien du gué s'écrie que le chevalier va le payer cher. [...] Il met alors son cheval au galop, puis le pousse à très vive allure et vient frapper le chevalier si violemment qu'il l'abat de tout son long au beau milieu du gué qu'il lui avait interdit.
C'est ce qui manquait au Lancelot-Graal justement, qu'il se prenne des mandales de temps à autre.
Plus captivant pour le lecteur.