Alors que je connaissais bien évidemment cette photo, où on voit Johnny Depp porte cigarette a la bouche et Benicio Del Toro avec son ventre protuberant dans une décapotable au beau milieu du desert, je ne connaissais pas ce film de Terry Gilliam. Et en le regardant, j'ai découvert un chef d'oeuvre, un voyage initiatique au beau milieu des 70s americains, une plongée spirituelle dans le monde des psychotropes. D'instinct curieux, je n'ai pas pu m'empêcher de fouiner les archives d'internet pour dénicher la moindre info sur ce film culte. Et qu'est ce que je découvre ? Qu'il s'agit d'une adaptation cinématographique d'un roman autobiographique signée par un certain Thompson, qui est a plusieurs reprises mentionné dans le film. Il ne m'en fallait pas plus pour piquer ma curiosité.
Il est bien difficile de porter une critique sur le livre tant il est fidèle au film (enfin, vous me comprenez, c'est plutôt l'inverse, mais vu qu'ici je critique le livre), notamment durant le premier tiers du livre : certains passages sont copiés mot pour mot, certaines scènes plan par plan. Au fil des phrases, je ne pouvais me défaire des scènes du film tant l'histoire est identique entre les deux supports. Je voyais les personnages en détail, le décor avec toutes ses subtilités tellement bien monté par Gilliam. Je rigolais seul juste en lisant des passages et en pensant a l'excellente prestation de Johnny Depp. Il m'est impossible pour moi d'imaginer mon propre Las Vegas Parano tant le film est d'une qualité sublime. Peut-être que j'aurais du me renseigner avant pour commencer par le livre ? Peut être qu'à l'époque, ceux qui ont été voir le film on été déçus ? N'empêche que l'expérience est jouissive.
C'est a partir de la moitié du bouquin qu'on sent que le réalisateur ne pouvait pas tout placer dans son film, et qu'il fait du ménage par le vide pour garder les éléments les plus pertinents. Certains passages sont évoqués quand d'autres sont carrément absents. Il commence alors à jouer avec le livre et a prendre des libertés. Il rajoute, change et transforme certains moments. Mais comme je le disais tout au début, le film reste fidèle au roman, sinon comment Thompson aurait pu sauter de joie devant la projection en affirmant qu'il avait l'impression de revivre son passé ?
Il a l'impression de le revivre car il décrit les effets de chaque drogue avec une précision exemplaire, tant et si bien qu'il est plus aisé pour Gilliam, Depp et Del Toro de tout retranscrire a l'écran. Sans tomber dans le nian-nian et grâce à une écriture de qualité facilement abordable sans se trouver dans la simplicité, chaque psychotrope a ici sa particularité, ses effets et ses contraintes facilement différenciable. On se perd avec ces personnages dans les méandres de ce Las Vegas psychédélique rempli de personnage loufoques et de lieux hauts en couleur.
Au final, ce que je reprocherais à cette aventure sans queue ni tête qu'est Las Vegas Parano, c'est son final bien trop expéditif à mon goût. Car finalement, "Quel était le but de ce voyage ?".