Ce fut une lecture particulièrement éprouvante, mais c'est ce qui m'a plu. J'aime les sensations fortes, qu'elles soient positives ou négatives, et très clairement ce livre ne laisse pas indifférent. À ne pas mettre dans toutes les mains.
Dans le café d'Alex, "le Grec", se croisent tous les paumés du quartier. On y trouve une bande de loubards habitués à tabasser les soldats de a base voisine pour les délester de leur argent (ce qui est décrit de manière très graphique dès le début du livre, donnant le ton de la suite), des "tantes", défoncées au gin et à la benzédrine, qui recherchent l'amour, des filles prêtes à se prostituer pour un peu de bière... Dans plusieurs nouvelles où se croisent tout ce petit monde, l'auteur dresse un portrait violent et désespéré de l’Amérique des rebuts.
Le style d'écriture efficace correspond tout à fait à la description apocalyptique de cette vie rythmée par l'alcool, la violence, la drogue et le sexe. J'ai juste trouvé que parfois l'auteur était dans la surenchère au glauque, chaque fin de nouvelle étant abominable (je pense en particulier à celle sur Tralala, où chaque passage est pire que le précédent, au point de perdre en impact tant on est résigné à son sort, on fini par ne plus avoir d'empathie).
Par contre, j'ai lu le livre en version française avec la traduction de 1970 (livre trouvé d'occasion dans une brocante), et très clairement, elle a mal vieilli. Mieux vaut à mon avis le lire en VO (de manière générale, c'est toujours mieux), ou essayer de se procurer la dernière traduction.