En lisant la quatrième de couverture, et en connaissant François Mauriac de nom et de réputation, j'ai attaqué ce livre avec une véritable soif de littérature, un véritable désir d'être subjugué.
Ce nom en effet, et cette quatrième de couverture étaient prometteurs. On me promettait une véritable analyse des rouages psychologiques de ce personnage, mis en exergue pour sa laideur. On allait décrypter la souffrance, l'altérité physique, la sensation d'infériorité, la gêne, et même la répugnance à répugner. On me faisait miroiter la description d'une vie de couple subie, d'un côté par cette femme obligée de fréquenter la laideur et sa propre inhumanité de ne pas savoir dépasser les défauts physiques ; et de l'autre par cet homme se sachant dans la nécessité d'imposer son physique à une femme qu'il aime mais dont il sait qu'il ne pourra jamais être aimé.
C'est dans l'ensemble de ces analyses, infiniment supérieures aux miennes que je m'apprêtais à plonger. Enfin, on allait donner la parole aux reclus, aux oubliés, aux moqués.
Et je n'ai pu qu'être déçu. Est-ce François Mauriac qui n'a pas su embrasser la grandeur de son projet, ou moi qui n'ai pas su le comprendre ? Je mise évidemment sur la deuxième option. Mais force est de constater que j'ai tourné les pages sans véritable engouement. L'histoire se passe, et nous en sommes extérieurs, trop extérieurs. On devine plus les pensées qu'on ne nous les livre. Et, à mon très humble sens, on peine à développer de la sympathie pour ces deux protagonistes qui, pourtant, il me semble, devrait l'emporter dès les premières pages en raison de ce sort calamiteux. On les voit vivre plus qu'on ne coïncide avec leur véritable et profonde existence. On est situé en tant que spectateur, alors qu'on rêverait de coïncider avec leurs êtres. C'est terriblement frustrant.
C'est frustrant, et, comme je le disais, c'est décevant. Non pas en raison du sujet traité, loin de là, mais pour le traitement même que l'auteur en a fait.