le Banquet des Empouses, commence en septembre 1913, avec l'arrivée d'un jeune Polonais, Mieczysław Wojnicz, qui doit se soigner en montagne – si l’on ose appeler montagne une altitude de 517 mètres... à Görbersdorf.
Il s'habitue rapidement à la maison d'hôtes pour hommes et à la routine de la région, avec ses promenades quotidiennes, ses douches froides et ses longues conversations au cours de dîners prolongés. En fait, s'il n'y avait pas ses problèmes de santé, ce serait une belle façon de passer quelques mois loin de chez lui. Pourtant, plus notre jeune ami reste longtemps, plus il sent que quelque chose ne va pas dans sa maison loin de chez lui. Novembre approche à grands pas et, avec des histoires d'événements étranges dans les bois et une découverte fortuite au cimetière local, Wojnicz sent que la vie est sur le point de devenir beaucoup plus intéressante…
Je ne vais pas résumer le livre, qui est lui-même un condensé finement sarcastique de La Montagne magique de Thomas Mann.
L’esprit d’Olga ne reste pas uniquement préoccupé de Thomas Mann, elle appelle à elle tous les poncifs qui ont pu être écrit par les grands écrivains du passé, et qui sont repris pas les résidents de la Maison pour messieurs où réside le héros – des hommes qui vous rappelleront le pompeux maître d’école Holopherne (Peines d’amour perdues, Shakespeare), Bouvard et Pécuchet, ou les cuistres que la télévision nous offre comme spécialistes de tel ou tel sujet.
Quelques citations pour le plaisir,
«On peut avoir l’impression que les femmes donnent des réponses sensées et pensent comme nous; Or ce n’est qu’une illusion. Elles imitent notre mode de communication, et certaines, il faut l’avouer, sont très bonnes à cet exercice….Elles ne savent même pas qu’elles font semblant, c’est un réflexe, un instinct.”
Longin Lukas, péremptoire: ”Le corps de la femme n’appartient pas qu’à elle, mais à l’humanité. Vu qu’elle enfante, elle est la propriété de tous...Tout en s’appartenant à elle-même, la femme nous appartient simultanémant à tous.”
Pour en finir avec les citations, Monsieur August: ”La démocratie se porte mieux dans les systèmes polythéistes...Parce que le polythéisme prépare notre esprit à voir le monde avec ses différences. Le monothéisme correspond davantage au féodalisme du fait de sa structure hiérarchique.”
Tout cela enveloppé dans les trips que procure à tous ces messieurs la Schwärmerei, liqueur dans la composition de laquelle entre un champignon hallucinogène très efficace, le psilocybe fer de lance.
Olga Tokarczuk démontre une fois de plus, que l’on peut avoir reçu le prix Nobel et être une vraie et grande romancière – il y en a si peu qui cumulent les deux qualités…