Comme chaque été depuis trois ans je me lis un double roman d'Arsène Lupin (aux éditions Archipel qui publient des tomes de 500-600 pages compilant donc deux ouvrages originaux). Et cette année, j'ai commencé par Le Bouchon de Cristal, une enquête excellente, absolument excellente je dirai !
Je suis de ceux qui pensent que les aventures du Gentleman Cambrioleur fonctionnent mieux en nouvelle qu'en roman. L'Aiguille Creuse offre une alternative en terme de narrateur qui plaît et séduit mais sa fin est un brin trop grandiloquente à mon goût. Or, nous sommes loin de ce défaut dans Le Bouchon de Cristal qui a pour lui d'être le véritable affrontement d'Arsène Lupin avec quelqu'un qui peut être son égal. C'est simple, je crois qu'il s'agit d'un bout à l'autre de mon roman préféré d'Arsène Lupin jusque là (même si je continue de préféré, à cause de sa première moitié L'Aiguille Creuse).
Reprenons le récit : Arsène Lupin a cambriolé le député Daubrecq, mais pensant oeuvrer dans son propre intérêt, il découvre en réalité que deux de ses hommes cherchaient un étrange objet chez le député : un bouchon de cristal. Arrêtés, ils risquent d'être condamné à mort. L'affaire prend un tour plus important encore en découvrant que Daubrecq est un homme puissant, que tous les politiciens craignent et qui pourtant semble n'avoir rien de spécial. La police enquête sur lui, une mystérieuse femme fait de même et maintenant Arsène Lupin ! Sauf que bien rapidement, il découvre en son adversaire un homme méthodique, rusé, qui sait se sortir des pires situations. Arsène Lupin va alterner entre respect pour le génie de son adversaire et dégoût des crimes et de l'immoralité du personnage.
Arsène Lupin passe ici nombre de chapitre à tenter de réussir mais à n'enchaîner que des échecs, non pas à cause de sa faiblesse, mais bien du génie de son adversaire. Tout est prévu, tout est déjà là !
Dans une ambiance qui compte moins sur l'aventure et sur le charme que sur l'intelligence, Maurice Leblanc tourne vers du Sherlock Holmes bien fait pour une oeuvre que je trouve particulièrement remarquable ! Face à Herlock Sholmès qui peinait à être un véritable adversaire pour Lupin, tant Leblanc s'en moque, ici Daubrecq incarne aussi bien une âme vile qu'un génie au niveau de Lupin.
Et que de rebondissement. Plus d'une fois je pensais que la fin était arrivée. Et pourtant des rebondissements ont lieu sans cesse. Dans l'avant-dernier chapitre c'était le plus surprenant. Bref, pour un simple bouchon de cristal, il y a bien des choses à dire.
Bien entendu, il demeure quelques défauts typiques de Leblanc : les méchants sont vraiment méchants, Lupin est parfait et surtout il tombe toujours par hasard capable d'épier ses adversaires sans que ceux-ci ne voient rien, lui permettant d'être un observateur constant. Cette tendance qu'a Leblanc à expliquer qu'il y a un trou dans le mur, dans une porte, un rideau très long, une crevasse, bref bien des moyens pour que Lupin observe, cela finit par devenir un peu facile et amusant.
Mais ce sont des détails qui n'empêchent pas le lecteur de profiter pleinement de ce très beau récit.
Comme toujours quand on parle d'Arsène Lupin, c'est une oeuvre à recommander aux amateurs de la Belle Epoque ou des oeuvres policières.