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"NE RESTENT QUE LES LARMES", phrase tirée du roman, je pense que ce titre aurait clairement été plus approprié à ce roman que ce titre à rallonge par forcément très attractif. Par ce que oui, à l'heure où j'ai lu ce roman, à l'heure où j'écris ces lignes, il ne reste plus que les larmes de ceux qui ont perdu un proche. Larmes de colère, larmes de joie, larmes de soulagement, larmes d'incompréhension, larmes d'espoir, ce roman renferme une pléthore de sentiments mais pas forcément bien exploités.
Encore une fois, je suis déçue par la forme du roman mais pas dans son fond. Les sans cesse aller-retours entre de nombreux personnages et les époques font qu'il est parfois difficile de suivre le fil et j'ai dû m'accrocher quelques fois pour reprendre le cours de ma lecture. C'est donc un roman exigeant et qui demande de le lire presque d'une traite pour s'imprégner de ces histoires au combien douloureuses pour les morts comme pour ceux qui restent.
Pourtant j'ai particulièrement apprécié dans ce roman, la mise en avant des conséquences encore présentes de nos jours, ces générations qui pour exister dans le monde actuel ont besoin de connaitre leur passé, la vie de leurs ancêtres pour savoir d'où ils viennent pour décider d'où ils veulent aller. L'autrice a particulièrement bien réussi le pari de lier l'Histoire à ces histoires qui ont une répercussion encore aujourd'hui. Très intéressée par la partie concernant la Pologne de nos jours, j'ai été surprise, tout simplement, prise au dépourvue de ce qu'il se passe actuellement dans ce pays à moins de 2000 km de chez nous.
La Pologne est aussi traitée dans le passé avec un sujet que je connaissais également mais que j'ai aimé retrouver plus profondément, est le programme de germanisation, ces enfants volés par les allemands pour en faire de vrais aryens. En revanche, je ne savais tout simplement pas qu'ils étaient placés en Lebensborn avant leur adoption. Je pensais naïvement que ces lieux étaient tout simplement des foyers d'enfants de père SS mis au monde par des mères porteuses dans le but du développement de la race aryenne. Gaëlle Nohant aborde ce sujet délicat en revenant sur la "bataille entre les Allemands, le gouvernement militaire américain et les représentants de leurs pays d'origine" lors de la fin de guerre et leur potentielle réattribution. J'ai trouvé cette partie passionnante.
"Même si on répare personne, si l'on peut rendre à quelqu'un un peu de ce qui lui a été volé, sans bien savoir ce qu'on lui rend, rien n'est tout à fait perdu."
On va suivre Irène dans son travail d'investigation pour restituer des objets à la famille de disparus. Irène ne m'a rien provoqué, malgré une vie ni minable ni extraordinaire, elle est tout simplement normale pour un travail qui lui, ne l'est pas. J'ai trouvé ce personnage fade, sans saveur. L'autrice distille un peu de mélodramatique dans sa vie qui ne m'a nullement touchée. Je l'ai trouvé totalement transparente. Mais inversement, il y a des personnages qui marquent et qui m'ont fait vibrer et je parlerai de Hanka, cette petite fille que nous allons suivre sur seulement 4 pages sur un total de 416 pages, moins de 1% d'un destin tragique avec une intensité incroyable, où mes larmes ont jailli sans m'en rendre compte et qui a été mon déclencheur pour m'immerger complétement dans la fin de ce roman.
J'ai donc perçu ce roman comme presque un journal intime. Pas un coup de cœur mais un roman qui au fur et à mesure fait ressentir à la fois espoir et tristesse où je me suis attachée à ces hommes et à ces femmes et à leur histoire et j'entends encore cette mélodie qui flotte autour de moi en refermant ces pages.