Les romans de Robert Seethaler se suivent et se ressemblent, un peu. Plus ou moins minimalistes, cela dépend, et Le café sans nom est à sa manière l'un des plus "extravertis" parmi eux, si l'on ose dire. Il est très réussi, en tous cas, ce livre qui nous plonge dans l'atmosphère d'un café d'un faubourg de la capitale autrichienne, à partir du milieu des années 60. Comme dans le film Le café du cadran (1946), avec Bernard Blier en impayable bistrotier, c'est l'atmosphère qui compte, celle d'un lieu de confidences, de fâcheries et d'oubli, où s'incrustent des habitués alors que d'autres ne font que passer. Un microcosme qui va, vient, boit et discute, une valse de Vienne au tempo un peu mélancolique et qui s'achèvera tôt ou tard car un café a aussi une date de péremption. Le responsable de l'estaminet est à l'image des héros des romans précédents de Seethaler : un homme modeste, sans haute ambition dans la vie mais terriblement humain et attentif aux autres. Il partage le devant de la scène avec d'autres personnages, pittoresques à leur façon, mais qui n'ont nulle prétention à la flamboyance et n'en sont pas moins touchants. C'est la vie qui va, avec ses aléas, ses histoires d'amour malheureuses et ses petits bonheurs. C'est surtout le temps qui passe et l'auteur n'a pas son pareil pour décrire les vies minuscules d'hommes et de femmes qui n'ont pas de qualités particulières mais qui continuent leur chemin en essayant de grappiller quelques instants de chaleur humaine. Avec un verre de vin, de schnaps ou une tartine de saindoux.

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le 2 nov. 2023

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