Dans le Madrid des années 1620, c'est le roi Philippe IV qui règne sur le royaume d'Espagne. En ces temps, Iñigo Balboa se décida à prendre la plume pour conter les aventures du Capitaine Alatriste. Le père d'Iñigo était le frère d'armes de Diego Alatriste alors qu'ils combattaient l'indépendantiste hollandais durant la guerre des Flandres. Aussi c'est tout naturellement que le Capitaine Alatriste prit le fils de son défunt ami sous son aile en l'accueillant comme page.
Diego Alatriste vit chichement à Madrid où il loue, de temps à autre, sa lame pour un duel qu'un maladroit mais riche a eu le malheur d'accepter. Redoutable bretteur, sa réputation n'est plus à faire et la vie s'écoule ainsi jusqu'au jour où on lui fait une étrange proposition. En effet, des hommes masqués lui proposent d'intercepter deux anglais contre une belle récompense. Un seul homme ne porte pas masque ce soir-là : Bocanegra le grand inquisiteur dont la fonction le met hors de portée de toute poursuite.
Pour accomplir cette mission bien ordinaire, il est accompagné d'un spadassin italien du nom de Gualterio Malatesta. Mais lorsque le plus charismatique des commanditaires laisse ses complices avec Alatriste et Malatesta, les ordres changent et il leur est alors ordonné de tuer les deux voyageurs. Lorsque le guet apens est lancé, Alatriste répond à son sens de l'honneur et décide d'épargner les anglais et Malatesta s'enfuit en le maudissant. Alatriste sauva ainsi la vie de deux grands personnages de la couronne britannique évitant ainsi à l'Espagne une guerre dont elle n'avait pas besoin.
Par cet acte, le capitaine Alatriste va se faire des ennemis puissants et bénéficier de la protection d'amis tout aussi puissants. Mais même ainsi la vie lui sera rendue difficile dans le Madrid de l'époque. Ainsi Malatesta n'en aura cure et fera tout pour se venger de l'affront. Quant à Iñigo il ne trouve rien de mieux à faire que de tomber amoureux de la fille d'un des comploteurs.
Le style parfait d'Arturo Perez-Reverte assure au récit une vie palpable qu'on retrouve dans le moindre détail. Cet auteur que j'avais déjà lu dans des récits policiers et au travers d'un précédent roman de cape et d'épée se révèle un esthète dans ce genre. J'y retrouve mes frissons d'enfant alors que je parcourais des histoires de mousquetaires, mais ici j'y trouve le supplément d'âme, d'art, de la plume inégalable d'Arturo Perez-Reverte. En sus des aventures proprement dites du capitaine, c'est toute une époque qui nous est décrite avec sa géopolitique et ses artistes que nous auront le plaisir de rencontrer et de retrouver au fil des cinq volumes à venir. Une lecture rafraichissante et indispensable.