L'économie est (aussi) une science sociale
La dernière fois que j'ai assisté à un cours d'économie, c'était il y a dix ans durant mon IUT d'informatique. Pour un cours d’économie amenant à des analyses sociales, il faut remonter aux cours de SES en Seconde. Tout ça pour dire que ma culture économique était très limitée avant de lire le Capital au XXIe siècle, ce qui a décuplé l’intérêt de la lecture.
En effet, Thomas Piketty propose un bouquin avant tout accessible aux non-initiés. On revoit les notions d’économies permettant une meilleure compréhension du capitalisme. On refait l'histoire de ce capitalisme depuis le XVIIIe siècle, nombreux graphiques à l'appui. On étudie aussi les problèmes engendrés par le capitalisme et les réponses qu'il est possible d'y apporter. Il m'aura fallu trois mois pour venir à bout des 1000 pages du livre, session par session, mais avant même d'en considérer la théorie de fond, j'ai déjà la satisfaction d'avoir largement enrichi mes connaissances économiques.
L'analyse développée tout au long du livre est la suivante : le rendement du capital est structurellement supérieur à la croissance, ce qui favorise l'accumulation du capital au sein d'une élite réduite et augmente les inégalités, ce qui est nocif pour la société. Aujourd'hui je suis bien incapable de critiquer l'analyse en elle-même, je n'ai tout simplement pas les connaissances et l'expérience nécessaire pour le faire. Après tout, je ne suis ni économiste, ni homme politique, ni professeur en sciences sociales.
Mais cela ne veut pas dire que je n'ai pas d'avis. J'ai lu sagement le point de vue de l'auteur et je me suis posé de nombreuses questions, ce qui est déjà très bien. J'ai en tout cas une vision un peu différente de nos sociétés occidentales capitalistes d'un point de vue économique et même social en général. Car c'est bien l'autre énorme intérêt du livre : faire de l’économie une science sociale. C'est à dire analyser nos sociétés de par leur fonctionnement économique pour en tirer des analyses sociales et politiques, le tout en se basant sur du concret, histoire à l'appui, et non en exposant des théorie abstraites jamais soumises à la réalité empirique.
Certes, ce qui a été vrai dans le passé ne le sera pas forcément dans le futur, l'évolution des sociétés humaines étant très imprévisible. Mais connaitre le sujet et l’expérience du passé est toujours une force supplémentaire pour écrire le présent. Rien que pour cela, le Capital XXIe siècle est une lecture qui en vaut la peine.