Après Zemmour, j’ai décidé de m’attaquer à un autre livre très hypé, dans un registre toutefois tout à fait différent. La sociologie spontanée du polémiste fait place à la rigueur intellectuelle de l’économiste (enfin de celui-ci, parce que les autres, parfois…). Selon Piketty, qui apporte une démonstration aussi longue que limpide, les inégalités se forment en raison d’une croissance molle (qui est appelée à redevenir la règle, nous explique-t-il) et d’une faible natalité, ce qui contribue à l’accroissement des patrimoines, puisque les héritages se partagent désormais le plus souvent à une, deux ou trois têtes. Cette théorie constitue certes la matrice principale du « Capital », mais ne le résume pas du tout. On revient aussi sur les notions de croissance, analysée historiquement, de patrimoine, de redistribution sociale, d’espérance de vie, etc. Le tout est accompagné d’une montagne de données précieuses, issues d’archives diverses.
Même si les quelque 950 pages peuvent en effrayer plus d’un, ce travail mérite vraiment d’être lu. Il est clair, rigoureux, indispensable quant à la compréhension des inégalités de notre temps. On y décrit les mécanismes aboutissant au très haut salaire des grands patrons, la fin des trente glorieuses, l’amour des anglo-saxons pour l’ultralibéralisme, les conséquences économiques et fiscales des deux guerres mondiales, la situation patrimoniale des Français durant la Belle-Epoque (et peu de choses ont changé depuis !).
N’hésitez plus !