Indispensable
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le 21 févr. 2011
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Le Capital de Marx, c'est avant tout un titre, un nom, mais rarement un ouvrage qu'on lit en entier.
Il y a de quoi rebuter: particulièrement long (près de 800 pages sans compter les annexes), le Capital (Livre I) essaie d'appréhender et c'est ce qui fait sa force, le "capitalisme" dans ses mécanismes de fonctionnement intimes.
C'est là un enjeu fondamental pour Marx, qui avait vertement tancé les socialistes, notamment français pour leurs utopies et leurs discours moralisateurs, sans appréhender à fond le fonctionnement de la société qui les entourait.
Aussi Marx va-t-il essayer de conduire une démonstration scientifique des mécanismes du "capitalisme", en prenant appui sur les theories économiques de son époque sur la production de marchandises, leur échange et leur circulation, la fixation de leurs valeurs, autant de jalons particulièrement arides, mais nécessaires et qui fixent le cadre des trop connues vulgates du marxisme qui en découleront (prolétariat, lutte des classes, infrastructures et superstructures, grand soir révolutionnaire etc.).
Ce cadre permet à Marx de dégager ce qui caractérise le "capitalisme" à savoir la plus value, et à isoler de manière systématique pourquoi la recherche de l'accroissement de cette plus value va conduire, à la concentration des ouvriers et du capital dans les manufactures.
Marx élabore aussi de manière très détaillée mais valant le détour, l'iniquité de l'échange supposé libre entre l'ouvrier ne disposant que de sa force de travail, et le possesseur de capitaux - capitaliste - qui l'emploie. En particulier il analyse de manière convaincante en quoi l'ouvrier, qui travaille pour sa subsistance, travaille en fait aussi, de manière "gratuite" pour des capitalistes que les lois de la concurrence conduisent, à tous essayer, de la même manière de générer de la plus value en faisant travailler les ouvriers davantage qu'il ne les paye. On lira avec profit les études tres détaillées de Marx sur le temps de travail de cette époque, les justifications parfois ahurissantes qui ont pu lui être donnée, et les nombreux contournements de la législation visant à encadrer le nombre d'heures de travail journalier, y compris des enfants qui ont pu exister à cette époque.
Les conditions de travail épouvantables, les salaires comprimés par des mesures diverses (pénalités pour des retards, crédit sur de la nourriture vendue au-dessus de son prix par la fabrique...) y sont décrites par le menu.
Dans le Capital, on peut lire aussi avec profit les conséquences d'une division du travail toujours plus poussée, conduisant à l'abrutissement et l'interchangeabilité croissante des ouvriers. Cette division s'opère dans un contexte de renversement du rapport entre l'ouvrier et la machine, le premier devenant une sorte de combustible de la première. La séparation du travail du fruit de la production et l'utilisation de la production pour contraindre le travail davantage y sont aussi traités.
Enfin Marx balaie ce qu'il appelle les mécanismes de l'accumulation du capital primitif, en revenant sur les évolutions du Moyen-âge au XIXeme siècle qui auraient conduit à l'expropriation progressive des petits paysans et à leur transformation en ouvriers et à leur soumission à des travaux pénibles via les différentes lois contre le vagabondage, s'inscrivant en faux contre l'idée alors dominante d'épargnants méritants que leur labeur et prévoyance auraient conduit à la possession des capitaux, là où les imprevoyants seraient devenus de pauvres nécessiteux.
Alors oui, l'ouvrage est long et touffu et d'une lecture exigeante. Clairement il n'a pas toujours bien vieilli et les contradictions internes du capitalisme devant aboutir à sa chute inexorable, sont des passages datés. La lecture est malaisée d'autant plus que Le Capital (livre I) contient peu des éléments habituels de la vulgate marxiste connus.
Pourtant c'est bien dans cet ouvrage, celui de la maturité de Marx, que se trouve une analyse solide, lucide, fouillée du capitalisme du XIXème siècle et de ses origines et qui, s'il ne permet pas de répondre à tous les enjeux économiques contemporains a pourtant nettement déterminé certains problèmes inhérents à son fonctionnement qui restent encore sans réponse aujourd'hui.
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le 27 févr. 2022
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- Bonjour, monsieur. Belle tête que vous avez là, ne seriez-vous pas ce qu'on appelle un capitaliste ?- Oh ! je vous sais gré du compliment, mon brave. Je ne m'entêterai pas davantage pour m'avouer...
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