le récit est divisé en quatre partie, chacune donnant la voix à un personnage qui va donner son point de vue, tel qu’il l’a vécu ou tel qu’il veut faire croire qu’il l’a vécu. Car en effet, si chacun de ces hommes va énoncer des vérités, il y aura aussi des mensonges ou des omissions, volontaires ou pas. Tour à tour, Marco da Cola, Jack Prescott, John Wallis et Anthony Wood vont nous plonger dans l’Angleterre des années 1660, nous faisant vivre la même histoire de manière très différente, nous offrant ainsi une vision très large des évènements autour de la mort de Robert Grove.
Quand on commence ce roman, on se retrouve très vite dans l’ambiance de cette période. Les us et coutumes y sont détaillés, on a même l’impression de marcher dans les rues grises, froides, humides et boueuses avec les personnages tant le rendu est parfait! On ressent le dédain de ceux qui se prétendent supérieurs, la misère de ceux que la vie n’a pas épargné. La religion est très présente et s’est autour d’elle que tout s’articule, que tout prend forme. Et toujours cette lutte entre vérité et mensonge, comme pour mieux perdre le lecteur.
« Je ne me rappelle pas le nom du poète, de toute évidence un homme sage et austère: « Je ne puis vivre en ville, n’ayant pas appris à mentir. » Il en sera toujours ainsi: l’honnêteté du paysan est désavantagée en ville, où on loue la duplicité, tandis que la franchise est méprisée, où chacun ne s’intéresse qu’à soi et où la générosité déclenche l’hilarité. » (p.272)
Entre ces pages, le lecteur va assister à des expériences scientifiques, flirter avec la folie, voir des complots un peu partout. Il y a aussi ces quêtes de reconnaissance, de gloire, pour briller aux yeux de tous, rendant quelques protagonistes détestables. Heureusement, certains personnages sont plus modestes.
« La gloire et la fortune sont extrêmement évanescentes; ne possédant ni l’une ni l’autre, je ne risque pas de les perdre. » (p.502)
C’est un vrai coup de maître de la part de Iain Pears que de parvenir à nous raconter quatre fois la même histoire en captivant toujours plus son lecteur, qui tente de savoir qui dit la vérité. Il faut démêler ce mélange où rumeurs, mensonges et calomnies sont monnaie courante, rendant la tâche complexe. C’est d’autant plus difficile que des intrigues secondaires viennent se greffer, le tout semblant mêlé.
Un roman très prenant, à la structure intéressante et au style immersif, que l’on a envie de relire aussitôt terminé, afin de bénéficier de l’éclairage créé par la vérité.