Il y a quelque temps, j'avais écrit un compte-rendu du livre "Les Indes Noires" de Jules Verne. Roman que j'ai conservé dans l'édition "Le Grand Jules Verne Illustré" que j'avais reçu vers l'âge de 11 ans.
Ce livre contient aussi un autre roman "le château des Carpathes".
Alors je le dis tout de suite, autant "les Indes Noires " m'avaient passionné à 11 ans, autant je me souviens d'avoir eu un peu plus de mal avec "le château des Carpathes".
Autant, j'avais été dithyrambique (voire un zeste malhonnête par nostalgie) dans ma critique du premier roman, autant je serai (nettement) plus mesuré à propos du second.
Pourtant, le roman commence par une phrase qui ne pouvait que me toucher … surtout après avoir lu "les Indes Noires".
"Cette histoire n'est pas fantastique, elle n'est que romanesque"
En clair, on verra Jules Verne s'attaquer à une région valaque aux confins de la Transylvanie, qui est comme chacun sait une région très sombre avec des châteaux sombres, des vampires et des populations très circonspectes et superstitieuses. Et cette première phrase est en quelque sorte, une façon de spoiler son histoire. Verne en vient à décrypter et expliquer les superstitions à travers un exemple précis où un chatelain profite de la crédulité des villageois en utilisant le progrès technologique de l'époque (fin XIX) qui n'avait pas encore pénétré ce pays de montagne.
A la relecture, je comprends bien que l'aspect romanesque m'avait peu touché à l'époque car il s'agissait du souvenir désespéré de l'amour passionné d'un comte pour une cantatrice morte. On est loin du pur héros qui court et se bat pour défendre ou ses idées ou sa Dulcinée.
Mais surtout, la relecture m'a pointé du doigt un aspect abject de Jules Verne dont je ne me souvenais pas (si tant est qu'à 11 ans, j'en ai eu conscience). En tous cas, à 68 ans, je suis atterré de lire ça dans une édition enfantine.
Il y est question d'un colporteur juif et surtout d'un aubergiste juif dont Jules Verne dans sa première partie descriptive établit des portraits du stéréotype juif que je ne détaillerai évidemment pas mais que n'auraient sûrement pas désavoué un Céline ou un Drumont. En fouillant un peu la question, j'ai découvert un comportement de Jules Verne très ambigu au moment de l'affaire Dreyfus…
Je n'ai pu me départir de ces deux ou trois pages au tout début du roman pendant le reste de ma lecture. Je ne sais pas ce que j'aurais mis comme note à 11 ans. Là, ce sera 3. Pour l'encre, les gravures du livre et la description de cette région un peu sauvage, à l'écart des grandes routes. Point.