Ce livre regroupe des nouvelles, issues d'un exercice que s'est imposé Calvino. Dans les deux parties du livre, le château puis la taverne, les personnages ne pouvant parler pour échanger, ils se retrouvent à utiliser des cartes de tarot. Dans chacune des parties, le jeu utilisé diffère mais le concept est le même, chaque histoire racontée, l'est à l'aide de juxtaposition des cartes de tarot et des diverses interprétations possibles des dessins sur les cartes.
Ainsi on se retrouve avec entre les mains, un petit recueil de nouvelles basées sur les différents agencements possibles des cartes de tarot. Les thèmes varient, il s'agit surtout de petits contes et légendes reprenant des personnages et des histoires issues de ces univers. On y trouve donc des chevaliers, des reines et des sorcières, Roland, Hélène de Troie, des châteaux, des brigands et des forêts profondes.
Mais de temps en temps des incursions modernes apparaissent et prennent la forme de critiques envers les villes, la pollution ou le progrès technique.
En somme nous avons là un recueil de petits récits sympathiques qui, sans constituer un chef d’œuvres, contiennent un certain nombre des sujets favoris de Calvino et montrent bien son talent et son plaisir à jouer ainsi, sous contrainte, avec l'imaginaire.
J'ai bêtement écris tout ça avant d'avoir lu les trente dernières pages, soit les deux derniers chapitres. Je ne pensais pas que cette dernière partie différait autant du reste du livre.
En effet dans cette fin, le livre prend une autre dimension. Calvino aborde assez directement la question du récit. C'est à dire ce que cela signifie d'écrire, d'être écrivain. Le besoin irrépressible des humains de raconter et surtout, de se raconter. La psychanalyse est évoquée, soulignant les aspects névrotiques, inconscients et pulsionnels de tous ces processus de production de récit.
Tous les récits finissent par se fondre en un seul, unique, dans lequel tout s'entrecroise.
L'évocation de tous ces aspects, au cours de ces trente pages qui concluent le livre, souligne ainsi leur présence dans tout le reste du bouquin (pour ceux à qui, comme moi, cela aurait échappé).