Dans ce roman, inspiré de faits réels, nous sommes conviés à un séjour dans un univers bien particulier, un lieu de résidence pour des « fous », et ce, pendant la période d’occupation de la France par l’Allemagne. L’ensemble des résidents de l’hôpital de la ville Evrard, a été transféré en zone libre pour les mettre à l’abri de l‘ennemi. D’ailleurs la population du château comptera quelques réfugiés qui ont toute leur tête.Parmi ces malades, Jeanne s’est retrouvée enfermée à la suite d’un deuil qu’elle n’a pas pu supporter. Pourtant, en compagnie de ses autres compagnons d’infortune et aidée par les méthodes nouvelles proposées par les médecins, elle sortira peu à peu de ses tourments pour prendre part aux soins dont profitent les enfants d’une structure voisine, des petits êtres bien abimés par les malheurs de l’époque.
On notera le passage remarqué de Paul Eluard, au titre de réfugié mais participant aussi au programme de thérapie par la poésie.
Avec une très belle écriture, qui confine parfois à la poésie, Paola Pigani nous immerge dans cet univers, évoqué avec une grande compassion. La galerie de personnages qui hantent les lieux décrits est riche d’enseignement sur la fragilité de nos esprits. Le monde de la folie dit beaucoup de notre nature humaine, et des frontières parfois floues entre le normal et le pathologique.
Un roman puissant et fort, lu avec un grand plaisir.