Le Château des poisons par Gwen21
Ne connaissant pas du tout cet auteur, c'est avec bienveillance que j'ai commencé ma lecture. Pourtant, même avec la meilleure volonté du monde, il a bien fallu me rendre assez vite à l'évidence, ce roman n'est pas un roman historique et si je consens à y voir un polar, je ne vois pas du tout l'utilité de l'avoir situé au Moyen-Age.
Ecrit à la fin des années 90 au moment où l'engouement du public pour l'époque médiévale et tout ce qui a trait aux chevaliers est en plein essor, ce roman semble une complaisance envers un lecteur qui voudrait "tâter du Moyen Age" mais sans pour autant le connaître. Résultat : sous couvert d'une vulgarisation pédagogique, l'auteur enchaîne les clichés et voudrait bien convaincre ses crédules lecteurs qu'un peu d'historien sommeille en lui mais c'est un leurre.
D'abord auteur de science-fiction, si j'en crois ce que j'ai lu, Serge Brussolo se plaît semble-t-il dans l'approximation et l'anachronisme et parfois il envoie du lourd, on croirait presque entendre le guide estival d'un château paumé qui voudrait à la fois faire de l'esprit pour animer sa visite et étaler sa pseudo-science pour paraître crédible. Ce qui donne un truc assez indigeste qui contraint le lecteur un peu soucieux de véracité historique à lever le sourcil plus d'une fois sous le coup de l'incrédulité. Un simple exemple : Jehan (le héros), voyant passer devant lui un condamné au bûcher qui vient d'être atrocement torturé, partage avec le lecteur son ressenti hautement opportun : "Il lui trouva une sale mine". Hum, mais encore ? Quelle mine est censé avoir un homme brisé par la douleur et qu'on mène à la mort ?
Bref, cet exemple n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan et plus on avance dans le récit et plus l'auteur se lâche, ne faisant plus aucun effort pour soigner le contexte. D'ailleurs, ce n'est pas un hasard s'il ne cite aucun lieu, aucune date, aucun fait (exceptées les Croisades mais inutile de chercher laquelle, il suffit de savoir que c'était du côté d'une certaine Jérusalem et contre des Infidèles) ni aucun roi qui puissent situer son récit sur la frise chronologique de l'histoire de France parce que s'il le faisait, ça l'obligerait à se documenter et à faire un travail de fond alors que, de cette manière, il suffit de dire qu'on torture les innocents, qu'on mange avec ses doigts sur des "tranches de pain" (dixit, super niveau de lexique, non ?) , que les hommes d'Eglise sont tous des raclures de bidet, que les pucelles sont mariées à treize ans, qu'un chevalier possède une épée, une armure et un destrier (sans blague !) et que les médecins sont des charlatans pour que le peuple soit content et se croit érudit sur la période. Ne manque que l'huile bouillante ! Vraiment, merci Mr Brussolo pour ce degré zéro d'érudition.
L'aspect polar, le seul qui reste quand on a fait son deuil du roman historique, est complètement prévisible, je suis désolée d'avoir à le dire, au risque de blesser certains lecteurs mais franchement, les pièces du puzzle se mettent en place toutes seules les unes après les autres sans que le lecteur ou le héros ait à se triturer les méninges. Les indices et les témoignages tombent à point nommé, tout droit du ciel, comme c'est commode ! et totalement dénué d'intérêt...
Non, vraiment, si Serge Brussolo voulait par ce roman donner une illustration de l'obscurantisme médiéval, franchement, je me demande qui il a pu convaincre qui n'ait déjà su tout ce qu'il se complaît à étaler dans les pages de ce pseudo roman historico-policier.
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