Après l'excellent The big goodbye, qui parlait du Hollywood des années 70 à travers le tournage de Chinatown, Sam Wasson s'attaque à un gros morceau en faisant une biographie de Francis Ford Coppola. Mais je préfère prévenir, il ne s'agit pas de parler de l'ensemble de sa filmographie, mais de revenir sur deux films en particulier ; Apocalypse Now, qui va en quelque sorte être le paradis (dans le sens où il fait suite à une décennie extraordinaire en films), et Coup de coeur, représenté comme l'enfer, qui a mené à bien des soucis financiers pour Coppola.


De manière plus générale, je trouve que c'est un très bon complément au livre de Peter Biskind sur le Nouvel Hollywood dans le sens où Sam Wasson a voulu éviter les redites, et il a réussi à combler les trous de l'un de sorte que les deux livres se complètent très bien. On passe rapidement sur Le parrain, ou sur le reste de sa filmographie, jusqu'à ne pas citer certaines œuvres, mais il y a des propos que je n'avais peu ou pas lus, notamment sur l'enfance de Coppola ou sur le point de vue de son épouse durant le tournage de Apocalypse Now. Celle-ci a été à deux doigts de demander le divorce quand elle a su que Francis avait deux relations extraconjugales à la fois, et que le tournage le poussait peu à peu à la folie, avec la découverte des paradis artificiels.

Enfin, il y a une troisième partie, plus courte, sur le désir de tourner Megalopolis, qui a failli se concrétiser à plusieurs reprises depuis 1984, jusqu'à ce que Coppola décide de le financer totalement lors de sa sortie en 2024.


En bon gros fan de Coppola, j'avoue avoir pris pas mal de plaisir à lire ce livre, épais de 350 pages environ, en particulier toute la partie consacrée au tournage de Coup de coeur, qui résume on ne peut mieux la mégalomanie de Coppola à cette époque-là, où il proclame à qui veut l'entendre l'avantage du cinéma dit électronique, prophétisant avec des décennies d'avance le numérique, avec un tournage entièrement en studio, mais qui va se révéler être un fiasco commercial, où il va être en faillite, le poussant à réaliser des films de commande durant des années, de Outsiders jusqu'à L'idéaliste.

Le livre revient aussi en filigrane sur la création du studio American Zoetrope, conçu comme un havre de paix où les réalisateurs en difficulté auraient pu y trouver refuge afin de tourner leurs projets plus personnels. Ce qui parait utopique tant les films sont parfois casse-gueules, ou quand ça ne sent pas l'opportunisme comme Godard qui passe son temps à jouer au tennis sans avoir produit quoi que ce soit. D'ailleurs, George Lucas est abondamment cité dans le livre, au moment de sa rencontre avec Coppola sur le tournage de La vallée du bonheur, où ce dernier l'a aidé à financer THX 1138, l'aide qu'ils apportent notamment à Akira Kurosawa sur Kagemusha ou Paul Schrader sur Mishima. Sans compter, en guise d'amitié, l'apport essentiel que va apporter Lucas envers son ami car il galérait à monter Tucker, très bon film par ailleurs.


Avec Hal Ashby, Coppola sans signé la plus belle filmographie des années 1970, avec quatre films seulement, qui m'auront marqué personnellement ainsi que le cinéma ne serait-ce que par leurs qualités propres, mais aussi et surtout par le pouvoir qu'a eu le réalisateur, que jamais personne n'a obtenu depuis sur des budgets aussi importants. Ce qu'il a payé, en particulier avec Coup de coeur, mais c'est le prix pour un tel génie.

Boubakar
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le 2 août 2024

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