Cela arrive parfois, avec un auteur dont on a aimé tous les livres précédents, d'être soudain moins touché par son dernier roman en date, sans que l'on sache véritablement en expliquer les raisons. Avec Anuradha Roy, le coup de foudre avait été immédiat, en commençant par son premier roman traduit en France, en 2011, le somptueux Un atlas de l'impossible. Les ouvrages suivants n'engendrèrent aucune déception, bien au contraire, avec en particulier le merveilleux Toutes ces vies jamais vécues. Mais avec Le cheval en feu, la magie n'a pas opéré, est-ce la faute de l'écrivaine ou de son lecteur habituellement énamouré, pour une fois pas conquis, qui n'est quand même pas à vouer le roman aux gémonies. Il y a dans le livre deux histoires en une, celle d'une étudiante indienne en Angleterre qui souffre un peu de l'exil et celle de ses souvenirs de son pays, avec son père encore vivant, un chien errant recueilli et surtout, l'amour de son professeur de poterie pour une jeune fille d'une autre religion que la sienne, le genre d'idylle susceptible de provoquer l'opprobre des communautés impliquées, hindoue et musulmane. Sachant que Anuradha Roy a suivi des études à Cambridge, à la période dont il est question dans Le cheval en feu, et qu'elle aime s'adonner à la poterie, il est possible que la double intrigue ait quelques résonances autobiographiques. Mais peu importe, au-delà du triptyque travail, famille, poterie, il y a quelque chose de mélancolique mais aussi de nonchalant dans ce récit qui ne parvient pas à nous emporter sur les ailes du romanesque malgré les ingrédients qu'il contient : amitié, amour, nostalgie, violence ... Le mystère du manque d'enthousiasme de votre serviteur ne sera pas élucidé et ce n'est pas si important. Celui-ci sera fidèle au prochain roman de la native de Calcutta, sans l'ombre d'un doute.