Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je vis qu'en plus d'avoir écrit un livre sur la fameuse histoire du Collier de la Reine, impliquant évidemment Marie-Antoinette, Alexandre Dumas avait également abordé le sujet d'Alexandre de Rougeville sous le nom de Le Chevalier de Maison-Rouge, qui fut l'instigateur d'une des dernières tentatives d'évasions de ladite Reine, peu avant sa condamnation et surtout, son exécution en 1993.
Fidèle à la royauté, le dévouement de Rougeville le conduisit à prendre des risques déraisonnables pour sauver son Roi puis sa Reine de la condamnation à mort. L'individu mit en place l'un des plus subtils complots de l'époque pour tenter de sauver la dernière reine de France, Marie-Antoinette d'Autriche, complot aussi connu sous : "le complot de l'œillet".
Nous le savons, cette tentative n'aboutit pas, et la Reine perdit la tête sous la création de Mr Guillotin, suivant de peu le Roi Louis XVI.
L'auteur romance cette tentative d’évasion et y ajoute de nombreuses autres de la part de dévoués serviteurs dont fait partie le personnage inspiré de Rougeville ; le Chevalier de Maison-Rouge. En premier plan de ces intrigues, nous suivons Maurice Lindey, un citoyen dont le patriotisme n'est plus à prouver. Toutefois, lorsque celui-ci rencontre une femme dont il s'éprend, lui et son ami Lorin se retrouvent sur la sellette, à deux doigts de passer de patriotes émérites à suspects. Et les suspects, à cette époque, perdaient rapidement la tête...
Alexandre Dumas nous plonge dans la révolution française pendant la Terreur, où chaque mot de travers risquait de faire couper la tête à l'individu distrait. Reine, Roi, noble, Dieu, Madame, Monsieur, étaient tous proscrits, remplacés ou préfixés. Il était difficile de contredire des Robespierre, Sanson, Danton, sans être immédiatement classé comme suspect. "Réfléchir, c'est commencer à désobéir" n'avait jamais été aussi réel.
Cette immersion au cœur de la Terreur semble très réaliste, et démontre à quel point c’est une période noire de notre passé. Certes, celle-ci est un pilier dans notre Histoire de France, mais à quel prix.
Si on pourrait s'attendre à suivre, ou bien la Reine, ou bien le Chevalier dans ce roman, sachez qu'il n'en est rien. En effet, le personnage principal n'est autre que Maurice Lindey, accompagné de son acolyte Lorin, qui bravent vaillamment les ordres malsains, empêchent Simon de battre le petit Capet (Louis XVII), défendent les pauvres et les malheureux en dépit du risque encouru. Maurice et Lorin, citoyens éprouvés, se retrouvent pris dans les filets des Royalistes, et, mettant leur patriotisme en péril, finissent involontairement par faciliter leurs actions.
Fiers, droits dans leurs bottes et surtout avec un bon fond, on retrouve le type de personnages que l'auteur aime développer. Notez que les deux personnages me font inévitablement penser à un certain gentilhomme gascon bien connu, également mis en valeur par le même auteur.
Toutefois, les sujets qu'on aimerait réellement voir approfondis, c'est-à-dire la Reine, les tentatives d'évasion, Rougeville sous les traits de Maison-Rouge, sont rapidement évincés par la romance entre Maurice et Geneviève, qui prend toute la place. Cette romance un peu surréaliste noie complètement l'histoire, de mon point de vue. Bien sûr, le roman n'en est pas moins agréable à lire (remarquez, j'ai détesté le personnage de Geneviève), mais j'aurais préféré un approfondissement autour de Rougeville, et de ses tentatives, ou même autour de Lorin, qui est vite attachant avec ses rimes à tout bout de champ !
Oui, c'est un bon roman, bien écrit, qui nous plonge immédiatement dans la France de la fin du 18ème siècle.
Oui, nous sentons la menace qui plane au-dessus de chaque citoyen et de chaque citoyenne. La Terreur est omniprésente.
Mais non, l'intrigue et le développement ne permettent pas au Chevalier de Maison-Rouge d'y prendre pleinement sa place.