J'avais été bluffé à bien des égards par le premier roman de Dimitri Rouchon-Borie, Le démon de la colline aux loups. Tout ou presque m'avait séduit (si on peut utiliser ce qualificatifs pour ce genre de récit). Allez me lire là bas si vous voulez en savoir plus : https://www.senscritique.com/livre/le_demon_de_la_colline_aux_loups/critique/253214345
Quand je suis tombé par hasard sur son 2e roman en flânant dans ma bibliothèque, sans même savoir qu'il existait, je me suis jeté dessus. Comme pour le premier roman, je l'ai lu d'une traite. C'est également un court roman, haletant, qui se lit vite, découpé en petit chapitre.
On reste dans la même catégorie de personnage, noir de chez noir. Ici, on va suivre Gio. Il est gitant, il devrait être mort suite à une bagarre où il a reçu un tournevis dans le crane. Mais il a survécu, sans jamais revenir complètement du royaume des mort. Il rentre chez lui, revoit son père, le vieux ; et son clan va devoir régler ses comptes avec ceux responsables de son état. Dans la cohues qui suit, Gio s'enfuit avec Papillon , un jeune muet qui a aussi vécu des horreurs et ne s'exprime qu'en agitant ses mains (d'où son surnom), et Dolorès qui passe son temps à tenter de s'ouvrir au monde en s'offrant à lui.
Le texte est une sorte de fable, hors du temps et de l'espace (on se déplace en train et à cheval, on est en France mais il y a un sheriff un moment). Peu importe le lieu ou le temps, la noirceur de l'âme humaine n'a pas de nation ni d'âge.
L'écriture est encore ciselée, frappant au ventre. L'équilibre est toujours maitrisé en poésie et horreur. Entre envie de fouiller cette suie à la recherche de quelques étincelles de beauté. On sent une vraie tendresse de l'auteur pour les marginaux, les laissés pour compte.
Pourtant cette fois, j'ai trouvé que ça marchait un peu moins bien que dans le démon de la colline aux loups. Gio ne m'a pas autant plu que Duke, il ne m'a pas non plus autant dégouté. A l'instar de ce personnage entre 2 mondes, à la fois vivant et mort, j'ai eu du mal à le saisir. Les ingrédients sont là, mais la mayonnaise à du mal à prendre aussi bien. Ne vous trompez pas pour autant, j'ai eu de vrai moment de frissons, ces moments où on relie une phrase pour voir si on a de nouveau la chaire de poule et que la réponse est oui.
Mais voilà, on sent l'ombre omniprésente de ce premier chef d'œuvre qui empêche celui ci d'explorer pleinement et librement ces chemins. Jusqu'au clin d'œil final qui est a fois logique et artificiel.
J'aurais aimé être emporté plus loin, plus fort aussi peut être.
Mais l'écriture de Dimitri Rouchon-Borie me séduit quand même sacrément, et je lui suivrai avec plaisir dans son 3e roman, encore plus si il parvient à maintenir son talent en s'autorisant à laisser derrière lui la colline aux loups!