7 presque 8 pour cette plongée au cœur du service gynéco du CHU de Tourmens, ville tirée de l'imaginaire de Martin Winckler. Un récit au rythme soutenu, des dialogues détonants. On est littéralement dans la tête de l'ambitieuse Jean, brillante interne en chirurgie envoyée de force dans ce service de "médecine de la femme".
Dire que le ton est un peu abrupt serait un euphémisme, l'expression de la jeune docteur est carrément irritant, rendant son personnage finalement assez peu crédible. Peut-on réellement atteindre la 5ème année d'internat en ayant aussi peu de respect (voire carrément du mépris) pour ses patientes? On comprend bien que la major de promo ne veut que recoudre des hymens au bloc opératoire et pas rester le cul sur une chaise à écouter des bonnes femmes raconter leurs histoires de bonnes femmes, mais tout de même, ça va un peu loin.
Bon, si l'attitude de la jeune femme est pour le moins dédaigneuse en début de roman, celle-ci se métamorphose et s'humanise rapidement (au bout de 3jours). Ses préjugés éclatent et très vite, elle opère un changement assez radical dans sa façon de penser la médecine et de la pratiquer.
Le style d'écriture "parlé" tantôt irritant, tantôt hilarant, a tout de même le mérite de nous entraîner dans le rythme effréné des journées interminables de la future médecin. On en apprend, au passage, un paquet sur la médecine gynécologique et ça c'est toujours agréable. En une semaine, elle traverse une série d'épreuves, d'expériences et de découvertes. Le livre soulève de nombreuses questions et pointe du doigt des pratiques médicales délétères par certains professionnels de santé (les propos inquisiteurs peuvent être parfois un peu dérangeants, un médecin a-il le droit de préférer la spécialité chirurgie sans pour autant être un parfait salaud ? Cette possibilité ne semble pas envisageable pour l'auteur).
Au delà de nous faire partager le quotidien de Jean, le livre nous interroge sur nos proposes expériences vécues en tant que patient(e)s et l'humanisation dans la pratique de médecine.
La recherche d'une fin grandiose est bien trop perceptible pour avoir l'effet escompté. On sent la chute venir et les ficelles de la narration nous tirer de force vers elle. Personnellement, je n'aime pas être emmené de force et je préfère la subtilité. Le roman aurait gagné en puissance par une certaine forme de sobriété dans l'intrigue.