Retour à une sombre époque
Et si les camps de la mort avaient lieu en ce moment ? Et si Auschwitz remontait à seulement quelques années - certaines personnes ne penseraient-elles pas que cette barbarie fût préférable pour certains, quitte à y être indifférentes ?.. De toute façon le thème plausible et le plus intéressant du "Choix de Sophie" que parvient à mettre en valeur Stingo, qui lui se donne le beau rôle entre Nathan, le juif libéral mais capitaliste, et Sophie, la complexe rescapée.
Ajoutez à cela qu'on a surtout l'impression d'entendre un parasite contant ses méfaits (c'est Stingo qui se tape l'incruste dans ce couple passionné et non le contraire) les alentours du livre donnent surtout la nausée de par le style surchargé, et il faut le dire; très dense sinon bien souvent désagréable. Bien entendu le récit de l'expérience de Sophie du drame nazi est détaillé et explicite mais il n'arrive qu'au 3/4 du bouquin, après que vous ayez dû supporté les élucubrations du narrateur qui passe ici de fille en fille - dont la vierge immature Leslie - pour arriver à Sophie, l'amante mûre au lourd passé. Donc le fait que Nathan soit psychotique devient dérisoire dans ce magma de commentaires qui ressassent, d'autre part, toujours la même chose. De plus c'est lui que préfère Sophie, ça ne fait aucun doute ! J'oublie les multiples réflexions antisémites (par exemple et au hasard, page 898: "ce salaud de youpin") que Stingo ne se donne même pas la peine d'expliquer: vaut-il donc tellement mieux que ces robots SS qu'à enduré Sophie après son arrestation ou que surtout, Höss le compréhensif gradé ?
Le tout est donc essentiellement un pavé indigeste, quant au fameux choix de Sophie révélée à la toute fin - il a hélas l'air d'être réduit, en définitive, à une fiction romanesque.