Il m'arrive parfois de ne pas savoir si j'ai aimé un livre en le terminant. Il faut laisser décanter. C'est ce qui m'est arrivé avec ton livre Nicolas.Je me permets de te tutoyer comme ton narrateur. Une technique utile pour créer une proximité avec le lecteur, lui confirmer que tu parles de lui donc de moi, enfin de nous. Et c'est vrai que tu touches dans le mile. C'est flatteur d'entendre quelqu'un parler de soi et plutôt bien. Ces personnages sans nom ni visage véhiculent la réminiscence de nos propres souvenirs. Archétypes universels, de l'enfant, du père, de l'amant ou clichés fatigués? Je ne sais pas encore.
On peut pas te l'enlever, tu as le sens du rythme et de la métaphore qui fait mouche. Mais est ce bien pour autant ? N'y a-t-il pas de l'Amélie Poulain dans ton bouquin ? Une histoire d'amour classique, avec ce petit coté bien foutu, léché, qui la fait sortir du lot, qui tape à l’œil, lui fera récolter les prix. Mais qui pense encore à Jean-Pierre Jeunet aujourd'hui ? Ses films ont pâli par là même où ils séduisaient: leur fraîcheur passagère, leur beauté aguicheuse n'a trompé qu'un temps. Quand le mascara a coulé, que l'alcool s'est évaporé, il ne reste qu'une gène. Je crains que ton lyrisme ne subisses le même sort. Mais je te laisse le bénéfice du doute. Des coups d'un soir se transforment bien en belles histoires d'amour? Alors Carpe Diem.